Quand la République vacille, ce sont ses gendarmes qui tiennent la ligne. Face à la violence armée et aux accusations faciles, l’Inspection générale de la gendarmerie nationale rappelle les faits : sang-froid, discipline, sacrifice.
La vérité du terrain : la gendarmerie face à l’insurrection
Mai 2024. La Nouvelle-Calédonie s’embrase. En quelques heures, le territoire bascule dans une violence organisée, coordonnée, presque insurrectionnelle. Les émeutiers, lourdement armés, ciblent les symboles de l’État. Et en première ligne, les gendarmes français.
Le rapport 2024 de l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) revient sur ces jours de feu et de chaos, livrant un tableau froid, précis, sans artifice. Entre courage militaire et contrôle républicain, il dresse le portrait d’une institution fidèle à sa devise : « Pour la Patrie, l’Honneur et le Droit. »
Dix enquêteurs du Bureau des enquêtes judiciaires (BEJ) ont été déployés sur le Caillou, en binômes, de juin 2024 à janvier 2025. Leur mission : examiner les usages d’armes et les allégations de violences, dans un climat d’extrême tension. Dix procédures ont été ouvertes pour usage d’armes, dont cinq mortelles, la plupart en situation d’autodéfense ou de maintien de l’ordre.
Les enquêteurs ont agi dans des conditions d’investigation dégradées, parfois sous contrôle ennemi, notamment dans le secteur de la tribu de Saint-Louis, devenue zone grise.
Deux gendarmes sont tombés au champ d’honneur : le gendarme Nicolas Molinari, tué par balle le 15 mai, et l’adjudant-chef Xavier Salou, mort accidentellement par tir ami. Des drames qui rappellent que le maintien de l’ordre républicain se paie au prix du sang.
Sous le feu, la rigueur républicaine
Le rapport de l’IGGN révèle une réalité trop souvent occultée : la gendarmerie agit sous le contrôle permanent du droit. Aucune zone d’ombre, aucune impunité : chaque usage de la force fait l’objet d’une enquête interne indépendante, supervisée depuis Malakoff. En Nouvelle-Calédonie, cette exigence de transparence a été maintenue malgré les balles et les embuscades.
Les enquêteurs du BEJ ont travaillé en co-saisine avec la section de recherches de Nouméa, soutenus par l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN).
Le rapport souligne le professionnalisme, la pédagogie et l’humanité dont ont fait preuve les enquêteurs vis-à-vis des familles des victimes. Aucune dissimulation, aucun corporatisme, mais une volonté de vérité, celle de l’État de droit.
Dans une situation où des tirs de carabines de chasse traversaient les blindages et menaçaient les hélicoptères, la gendarmerie a tenu. Sans sur-réaction, sans rupture disciplinaire. C’est là toute la force d’une armée de citoyens, enracinée dans la loi et la Nation.
Une institution éprouvée mais debout
En 2024, 175 enquêtes judiciaires internes ont été menées par l’IGGN, dont 39 pour usage excessif de la force.
La cellule C3A, nouvellement créée, a centralisé les dossiers les plus sensibles pour analyser les risques internes : harcèlement, probité, usage de la force.
Mais le cas calédonien reste le plus emblématique. Il montre, chiffres à l’appui, la solidité morale et juridique de la gendarmerie française, même plongée dans le chaos.
Le rapport insiste sur une idée essentielle : la transparence ne doit pas être la défiance.
L’IGGN assume un contrôle exigeant, mais au service des gendarmes eux-mêmes. Elle protège la déontologie sans désarmer la force légitime. Dans un contexte où la France fait face à une remontée des violences contre les représentants de l’État, l’équilibre est fragile, mais tenu.
Cette enquête est aussi un hommage discret à ceux qui, en uniforme bleu marine, portent les couleurs de la République à bout de bras.
Ni anges ni démons, mais soldats de la loi, garants d’un ordre républicain sans lequel aucune liberté ne tient.
En Nouvelle-Calédonie, la gendarmerie n’a pas failli. Sous le feu des armes comme sous le feu médiatique, elle a résisté, enquêté, répondu. L’IGGN, souvent caricaturée, montre ici une autre France : celle de la rigueur, de la transparence et du courage.
Quand d’autres prêchent la suspicion, elle agit dans la vérité.
Et dans cette vérité, la gendarmerie reste, plus que jamais, le bouclier de la Nation.