Quand la santé devient affaire de souveraineté, la Nouvelle-Calédonie choisit de se tenir debout.
À Nadi, face aux représentants du Pacifique, Claude Gambey a porté une parole claire : celle d’un territoire qui assume son modèle, malgré la crise et le départ de ses soignants.
Une parole ferme face à la communauté internationale
Le 76e Comité régional de l’Organisation mondiale de la Santé pour le Pacifique occidental s’est solennellement ouvert ce lundi 20 octobre 2025 à Nadi (Fidji). Devant une assemblée composée de représentants d’une vingtaine de pays, Claude Gambey, membre du gouvernement en charge de la Santé, a pris la parole au nom de la Nouvelle-Calédonie.
D’entrée, le ton a été donné : courtoisie diplomatique, mais clarté politique. Félicitant le docteur Saia Ma’u Piukaka, directeur régional, et saluant l’accueil fidjien, le représentant calédonien a surtout tenu à rappeler que le pays dispose d’un système de santé performant, fruit d’un effort collectif unique dans le Pacifique.
Le Régime Unifié d’Assurance Maladie et Maternité (RUAMM), mis en place dans les années 2000, a permis une couverture universelle des soins, symbole d’un modèle solidaire et responsable. Dans un Pacifique souvent dépendant de l’aide extérieure, la Calédonie fait figure d’exception : autonome, structurée et ambitieuse.
Une crise qui met à nu les fragilités du modèle calédonien
Mais derrière cette réussite, le réalisme s’impose. Claude Gambey l’a reconnu : la Nouvelle-Calédonie n’est pas épargnée. La croissance des dépenses de santé, la pression démographique liée au vieillissement, et la multiplication des maladies chroniques fragilisent un équilibre déjà précaire.
Depuis la crise insurrectionnelle de mai 2024, le constat est sans appel : le système de santé a encaissé le choc. De nombreux personnels médicaux ont quitté le territoire, épuisés ou inquiets pour leur sécurité. Résultat : les hôpitaux tournent à flux tendu et les zones du Nord et des Îles Loyauté subissent de plein fouet une pénurie dramatique de soignants.
Face à ce constat, le gouvernement local refuse la fatalité. La priorité affichée est claire : reconstruire un système de soins attractif et soutenable, recentré sur la formation, le recrutement et la stabilité. Là où d’autres territoires s’en remettent aux bailleurs étrangers, la Calédonie affirme sa volonté de réformer sans renoncer à sa souveraineté sanitaire.
Do Kamo : refonder la santé sur des valeurs fortes
Pour redresser la barre, la Nouvelle-Calédonie ne part pas de zéro. Dès 2016, elle s’est dotée du Plan Do Kamo – “Être épanoui”, une réforme ambitieuse issue d’une large concertation. Ce plan repose sur trois piliers : refonte du modèle économique, gouvernance renforcée et priorité absolue à la prévention.
Dans son allocution, Claude Gambey a rappelé que le système de santé calédonien est un pilier du vivre-ensemble républicain : il protège, fédère et incarne une réussite locale au sein du monde océanien. Malgré la tempête sociale de 2024, la volonté politique demeure intacte : sauver un modèle de santé qui garantit l’égalité d’accès aux soins, la dignité et la responsabilité individuelle.
Loin des postures victimaires, la Calédonie défend une vision lucide et exigeante : la santé n’est pas une dette, c’est un devoir collectif. Et c’est bien ce message de résilience et d’indépendance que le territoire a fait entendre à Nadi, sous le regard attentif de la communauté internationale.