Ce matin-là sur Océane FM, l’émission Coups de gueule a viré au tribunal populaire de l’automobile.
Les auditeurs se sont succédé au téléphone pour dénoncer les abus répétés de certains concessionnaires : factures gonflées, réparations fictives, garanties bafouées et, en toile de fond, un sentiment d’impuissance face à un système verrouillé.
Un sujet explosif, qui met à nu un secteur où la confiance s’effrite.
Des factures salées et des réparations inexistantes
Ils nous font payer des factures énormes et ils ne font rien sur les voitures !
s’emporte une auditrice. Son témoignage glace : voiture encore sous garantie, facture de plusieurs dizaines de milliers de francs, et pourtant… rien n’a été changé.
Le mécano m’a dit : “Mais qu’est-ce qu’ils ont fait ? Rien n’a été remplacé !
Pire, le petit garagiste indépendant qu’elle consulte lui confie qu’elle est la quatrième cliente dans ce cas. Même diagnostic, même facture suspecte, même absence de transparence.
Ils profitent parce que ce sont des femmes
Les auditeurs se reconnaissent dans cette histoire. Certains racontent avoir payé 212 000 francs pour une réparation qui en valait à peine 36 000, d’autres évoquent des heures de main-d’œuvre fictives et des pièces “neuves” jamais montées.
Les “garanties constructeur” : une arme à double tranchant
Un auditeur averti apporte une précision technique :
Le fait d’avoir fait changer les pièces ailleurs peut faire sauter la garantie
Autrement dit, même lorsque le client est victime d’une arnaque, il risque de perdre la protection contractuelle censée le défendre. Mais aussitôt, un autre auditeur réplique :
C’est faux ! Il existe une jurisprudence. Le client peut faire entretenir son véhicule ailleurs sans perdre la garantie
Le débat est lancé. Derrière ces échanges, une réalité : la méconnaissance du droit profite trop souvent aux concessionnaires.
Entre clauses floues, contrats incomplets et jargon technique, beaucoup de Calédoniens se retrouvent piégés par le système, hésitant entre payer ou risquer de perdre toute couverture.
Pièces détachées : la guerre des prix
La pièce coûtait 96 000 francs chez le concessionnaire, 45 000 ailleurs, exactement la même !
Les auditeurs dénoncent une marge injustifiable, alimentée par l’absence de concurrence et la dépendance logistique du territoire. Les “petits mécanos” de quartier apparaissent comme les derniers recours de confiance. Moins chers, plus transparents, ils redonnent une valeur simple au service : réparer vraiment ce qui est cassé.
Le mécano m’a ouvert le capot devant moi, il m’a dit : ‘Rien n’a été changé.’
Cette phrase, répétée à l’antenne, sonne comme un verdict.
Des auditeurs ingénieux : les astuces anti-arnaque
Face à ce déferlement d’histoires, l’entraide s’organise à l’antenne.
Une auditrice conseille :
Demandez à récupérer les pièces usagées. C’est la seule preuve que la réparation a été faite
Avant la vidange, faites une petite marque au marqueur sur le filtre à huile. Comme ça, si la pièce n’a pas été changée, vous le verrez tout de suite
Ces gestes simples deviennent les armes des automobilistes ordinaires, contraints de se protéger eux-mêmes dans un système opaque.
D’autres recommandent de se renseigner sur la jurisprudence, voire de saisir les associations de consommateurs.
Entre colère et débrouille, la solidarité des auditeurs compense les failles d’un marché où le client, souvent, reste seul face au devis.
Une défiance qui s’installe durablement
Un dernier témoignage clôt la séquence :
Ma voiture a quatre ans, moins de 60 000 kilomètres. La courroie s’est dégradée, c’est reconnu par le constructeur. Résultat : 104 000 francs au lieu de 70 000. Et une fiabilité nulle.
L’homme, amer, conclut avec ironie :
Le lion m’a bien croqué
Cette phrase résume le sentiment général : la perte de confiance.
Les concessionnaires “officiels”, censés garantir la qualité, deviennent pour beaucoup le symbole d’un abus organisé. Et à l’inverse, les petits garages gagnent du terrain, soutenus par le bouche-à-oreille et la proximité humaine.
Le moteur de la colère
De la facture truquée à la pièce surévaluée, le constat est unanime : l’automobiliste calédonien ne veut plus être pris pour un pigeon.
À travers les ondes d’Océane FM, c’est une véritable révolte civique qui s’exprime, celle d’une population qui réclame transparence, respect et équité.
Derrière chaque témoignage, il y a la même exigence : être traité en client, pas en proie.
Et si cette colère continue de monter, peut-être qu’un jour, les garages devront enfin rendre des comptes.















