Ils n’ont pas choisi la facilité. Ils ont choisi l’excellence. Depuis quarante ans, ces hommes et femmes veillent dans l’ombre, prêts à risquer leur vie pour protéger la France.
Une création née du terrorisme et du courage
Octobre 1985. La France se dote d’une arme redoutable contre la terreur : le RAID, pour Recherche, Assistance, Intervention, Dissuasion. Créé sous l’impulsion de Pierre Joxe, alors ministre de l’Intérieur, et du commissaire Robert Broussard, le service devait répondre à une urgence : celle d’une France confrontée à une vague d’attentats sans précédent.
Inspiré par les échecs sécuritaires des Jeux olympiques de Munich, le RAID s’impose comme la réponse de l’État à la barbarie : une unité formée pour frapper vite, juste et fort et toujours en dernier recours.
Ses premiers succès ne tardent pas : la prise d’otages du tribunal de Nantes restera dans les annales. Dès lors, l’unité se forge une réputation d’excellence, de précision et de sang-froid.
Sa devise, « Servir sans faillir », résume une philosophie qui transcende les générations de policiers. Car au RAID, on ne négocie pas avec le renoncement. On agit. On protège. On sauve.
De Bièvres à Nouméa : un réseau national et ultramarin
En quarante ans, le RAID a étendu son empreinte sur tout le territoire français. L’échelon central, basé à Bièvres, coordonne près de 500 opérateurs prêts à intervenir sur l’ensemble du territoire, en métropole comme en Outre-mer.
Depuis 2014, à l’initiative de Bernard Cazeneuve, les anciens GIPN ont été regroupés sous un commandement unique : la Force d’intervention de la Police nationale (FIPN), une refonte salutaire, synonyme de cohérence et d’efficacité.
L’antenne du RAID de Nouméa, créée en 2018, en est l’un des symboles les plus éloquents. Avec 18 opérateurs, dont 16 dédiés à l’intervention et au soutien logistique, elle agit sur toutes les zones sensibles du territoire : prises d’otages, forcenés, interpellations de malfaiteurs dangereux, mais aussi appui aux enquêtes judiciaires.
Lors des émeutes du 13 mai 2024, l’unité calédonienne a montré toute sa valeur : interventions au Camp-Est, sauvetages, arrestations d’émeutiers violents. Des actions menées avec calme, précision et un sens aigu du devoir, en parfaite coopération avec le GIGN et la police judiciaire.
Cette synergie exemplaire entre forces d’élite, particulièrement en Outre-mer, fait la fierté de la Nation. Dans l’adversité, la cohésion française s’exprime dans l’action.
L’école de l’exigence : le RAID, entre force et discipline
On ne naît pas policier du RAID, on le devient. Et le parcours pour y parvenir relève de l’ascèse. Les candidats, issus de la BAC, de la BRI ou des compagnies d’intervention, passent par une batterie de tests physiques, psychologiques et professionnels : dix jours d’évaluation, puis dix-neuf semaines de formation et six mois d’immersion avant toute titularisation.
Ce n’est pas un métier, c’est une vocation. Ceux qui franchissent la sélection rejoignent un monde de rigueur et de dépassement.
Groupes d’intervention, négociateurs spécialisés, tireurs d’élite, plongeurs, experts NRBC ou équipes cynotechniques : chaque opérateur cultive à la fois une spécialité et une polyvalence.
Entraînement au sniping, varappe, aérocordage, négociation de crise : la préparation est constante. L’excellence ne s’improvise pas, elle s’entretient.
Au-delà de la performance physique, c’est une éthique du service qui guide ces hommes et femmes. Qu’ils soient métropolitains ou calédoniens, tous partagent un même idéal : protéger la République, coûte que coûte.
Dans un monde où les discours remplacent souvent l’action, le RAID rappelle ce que signifie encore le mot Devoir. Il ne manifeste pas, il ne revendique pas : il agit, dans le silence et la discipline.
De Beyrouth à Nouméa, de Paris à Mayotte, cette unité incarne une France forte, courageuse, debout face à la violence. Une France qui croit encore à ses institutions, à ses valeurs, à ses héros du quotidien.
Quarante ans après sa création, le RAID demeure le bouclier de la République, fidèle à sa devise : « Servir sans faillir ».
Et dans un monde de plus en plus incertain, cette fidélité-là n’a pas de prix.