J’ai essayé de suivre l’actualité du jour.
J’ai vite compris que c’était une mauvaise idée.
J’ai commencé par Thierry Santa.
Il a démissionné.
J’ai lu son explication.
J’ai lu la contre-explication.
J’ai fini par lire une troisième explication.
Au final, j’ai juste retenu qu’il partait dans la mine.
Et que tout le monde trouvait ça normal.
Moi, j’ai rien dit.
Ensuite, j’ai regardé la manif du FLNKS.
220 personnes.
C’est moins qu’un dimanche au McDo.
Mais apparemment ça suffit pour mettre la pression à Paris.
Ils parlent de consentement, de dialogue, de sérénité.
Moi j’ai juste vu un courrier très énervé.
Et des gens qui n’ont pas envie de revivre 2024.
Du coup, j’ai rien dit.
Après ça, j’ai essayé de comprendre l’histoire des cantines.
J’ai lu trois communiqués.
J’ai suivi une interview.
J’ai tenté un schéma mental.
J’ai rien compris.
Enfin si : pas d’argent, pas de cantine.
Et les parents sont remboursés.
Sauf qu’on sait pas quand.
J’ai soupiré.
Et j’ai rien dit.
Puis j’ai appris qu’un airbag avait explosé tout seul.
À l’arrêt.
J’ai pensé que c’était une blague.
C’était pas une blague.
Les airbags Takata reviennent hanter les gens.
On aurait presque oublié à quel point un airbag peut être dangereux.
J’ai regardé ma voiture.
J’ai vérifié le tableau de bord.
J’ai quand même rien dit.
Ensuite, j’ai vu que l’essence augmentait.
Encore.
J’ai regardé le prix.
J’ai fait le calcul.
J’ai décidé que marcher, finalement, c’était bien.
Très bien même.
Puis j’ai pensé aux pluies, à la chaleur, aux côtes.
J’ai abandonné.
J’ai rien dit.
J’ai vu passer un truc sur “Un mois sans tabac”.
J’ai pensé que ça pouvait être bien.
Puis j’ai lu “un mois sans puff”.
J’ai senti que je vieillissais.
J’ai fait semblant de comprendre.
J’ai rien dit.
Après ça, j’ai découvert des poissons morts.
Pas dans un film catastrophe.
À l’hippodrome.
La mairie a parlé “d’oxygénation”.
Moi j’ai pensé “il fait chaud”.
Très chaud.
Trop chaud.
J’ai haussé les épaules.
J’ai rien dit.
J’ai continué avec l’exercice cyclone des FANC.
Des avions à Tiga.
Des dégâts simulés à Koné.
Des chaînes de commandement.
J’ai essayé d’imaginer tout ça.
Je me suis perdu au milieu des hélicos.
J’ai rien dit.
Ensuite, j’ai appris que Air New Zealand revenait.
Que ça allait “renforcer les liens”.
Que tout le monde était “très content”.
Moi aussi j’étais content.
J’ai juste pas su pourquoi.
Alors j’ai rien dit.
Puis j’ai vu que Réunion–Nouméa passait par Bangkok.
J’ai pensé que c’était long.
Très long.
J’ai imaginé les heures d’escale.
J’ai eu mal au dos par avance.
J’ai rien dit.
J’ai terminé sur Halloween.
Des bonbons.
Des défilés.
Des maisons de l’horreur.
Des magiciens japonais.
J’ai essayé de comprendre comment on en était arrivé là.
Je savais plus si c’était drôle ou déprimant.
Du coup, j’ai souri.
Et j’ai rien dit.
Bref.















