La nouvelle ministre des Outre-mer, Naïma Moutchou, effectuera du 3 au 7 novembre son tout premier déplacement officiel en Nouvelle-Calédonie. À peine installée rue Oudinot, elle choisit le Caillou comme premier terrain d’action : un signal fort, mais aussi un test grandeur nature dans un territoire où la parole de Paris est scrutée au mot près.
Un programme calibré au millimètre
Dès lundi matin, la ministre ouvrira son séjour par une série d’hommages et de cérémonies à Nouméa :
à 9 h 30, elle assistera aux honneurs militaires place Bir Hakeim avant une coutume au Sénat coutumier, puis des échanges avec les sénateurs coutumiers. À 11 h 25, elle participera à la cérémonie en hommage à Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou, deux figures antagonistes mais indissociables de l’histoire calédonienne.
L’après-midi sera institutionnelle : entretiens successifs avec Alcide Ponga (président du gouvernement), Sonia Backès (présidente de la province Sud), Sonia Lagarde (maire de Nouméa) et Veylma Falaeo (présidente du Congrès). La journée se conclura par une rencontre avec les élus et institutions du territoire, Sénat coutumier, CESE, GNC et Congrès, à la résidence du Congrès.
Le mardi 4 novembre sera consacré à une journée de bilatérales avec le Haut-Commissaire de la République, à huis clos, loin des caméras mais décisive pour la suite du dialogue politique.
Mercredi, cap sur le Nord : la ministre visitera une exploitation agricole à Pouembout, avant un passage par le Régiment du Service Militaire Adapté (RSMA) de Koné pour rencontrer les jeunes volontaires. Elle échangera ensuite avec les gendarmes mobilisés à Saint-Louis, puis avec les membres de l’association Citoyen Mondorien, avant un rendez-vous avec les acteurs économiques du territoire.
Cap sur les Îles Loyauté
Le jeudi 6 novembre, Naïma Moutchou se rendra à Lifou, cœur symbolique des Îles Loyauté. Après la coutume à l’Hôtel de la Province, elle prononcera une allocution dans l’hémicycle, avant un entretien avec Mathias Waneux, président de la Province, et une rencontre avec les maires et associations de femmes à Drehu Village. L’après-midi, elle rencontrera les acteurs du tourisme à Easo, puis visitera la Maison de la Vanille, vitrine économique et culturelle de Lifou.
Enfin, le vendredi 7 novembre, la ministre terminera son séjour à Nouméa par une rencontre avec les maires de Nouvelle-Calédonie et les associations d’habitants du quartier de Tindu, symbole d’une jeunesse en quête de repères et d’équité sociale.
Un terrain miné politiquement
Mais derrière la courtoisie des discours et la rigueur du protocole, la réalité calédonienne reste celle d’un territoire fracturé. Les radicaux indépendantistes, affaiblis mais toujours stratèges, avancent masqués : ils savent manier la coutume pour désamorcer les critiques tout en imposant leurs cadres de pensée. Leur objectif reste inchangé, affaiblir l’État, tester la nouvelle ministre et exploiter la moindre faille dans le discours gouvernemental.
Pour Naïma Moutchou, cette visite est donc un baptême du feu. Elle devra composer entre diplomatie et fermeté, entre symboles et décisions concrètes.
Une attente de clarté et de fermeté
À La Dépêche de Nouméa, nous saluons cette première visite, rapide, certes, mais utile. Elle marque le retour d’un lien direct entre Paris et le terrain. Mais nous l’espérons : Naïma Moutchou ne doit pas répéter les erreurs de ses prédécesseurs. Ni la naïveté face aux promesses coutumières, ni l’illusion d’un consensus qui n’existe plus.
Le dialogue, oui. L’aveuglement, non. La République doit parler vrai, et agir ferme.
Bienvenue, Madame la Ministre. Mais ici, plus qu’ailleurs, les sourires cachent souvent les pièges.















