La lutte contre les violences conjugales ne peut plus se contenter de slogans : elle exige du courage, de la clarté et une mobilisation collective, loin du relativisme ambiant.
En relançant la campagne #PointNoir, la province Sud assume une stratégie simple, efficace et profondément humaine : redonner aux victimes un moyen discret mais puissant de dire « j’ai besoin d’aide ».
Un code de détresse simple, assumé et terriblement efficace
Il y a parfois des gestes minuscules qui brisent des murs gigantesques. Le point noir au creux de la main, devenu symbole de la campagne #PointNoir, appartient à ces signaux discrets qui permettent de rompre le silence sans s’exposer davantage. Inspiré de la Black Dot Campaign, née en 2015 au Royaume-Uni, le dispositif repose sur une idée d’une sobriété presque déconcertante : offrir aux victimes un moyen de dire « ça suffit » sans prononcer un mot.
La province Sud ne s’est pas contentée d’observer. Elle relaye, structure et porte ce dispositif avec une volonté claire : permettre à ceux qui subissent des violences de s’adresser en confiance à un témoin, un professionnel, un policier, un médecin, un employé d’hôtel ou simplement un citoyen attentif. Dans un monde saturé de discours compassionnels, parfois déresponsabilisants, ce code redonne de la maîtrise à la victime.
Le principe est clair : un point noir visible mais discret, montré à une personne de confiance ou à quelqu’un susceptible de comprendre le message. Pas besoin de long récit, pas besoin de justification. Ce geste suffit à enclencher un début de prise en charge, dans un environnement sûr, à l’abri de l’emprise de l’agresseur.
La province Sud diffuse également des stickers du Point Noir via le CIDFE, afin que les structures accueillant du public affichent clairement leur capacité à reconnaître ce signal. L’objectif est simple : multiplier les lieux-refuges, rendre visible la possibilité d’être entendu, encourager une société où chacun peut devenir un relais de protection.
On l’oublie trop souvent : écouter, ce n’est pas « prendre parti » sans réfléchir, c’est choisir d’agir avec discernement et humanité.
Pour les témoins : agir avec calme, discrétion et sang-froid
Reconnaître un point noir n’est pas une fin, c’est le début d’un acte citoyen. Celui qui le voit doit comprendre l’essentiel : si la victime a recours à ce code, c’est qu’elle n’a pas la liberté de parler. Le rôle du témoin n’est donc ni de dramatiser ni de s’improviser enquêteur. Son rôle est d’ouvrir une brèche de sécurité.
La première étape consiste à isoler discrètement la personne, sans éveiller les soupçons de l’auteur des violences. Parfois, un simple prétexte suffit : vérifier un formulaire, demander un document, proposer un renseignement à l’écart. Le but est de permettre un échange à voix basse, loin du contrôle de l’agresseur.
Ensuite, il faut écouter sans brusquer, ouvrir un dialogue minimal, puis aider la victime à entrer en contact avec les professionnels compétents : forces de l’ordre, associations spécialisées, services sanitaires, travailleurs sociaux.
La réalité, et la province Sud le rappelle, c’est qu’une personne sous emprise peut hésiter, reculer, changer d’avis. Ce n’est pas un caprice : c’est la mécanique même de la domination psychologique. D’où la nécessité d’un accompagnement patient, constant, responsable.
Et parce que la société tout entière est concernée, la province Sud invite chacun citoyens comme professionnels à en parler, à se former, à briser le tabou sans sombrer dans le sensationnalisme. Fédérer, c’est aussi cela : rappeler que protéger les plus vulnérables est un devoir collectif.
Que faire en cas de danger ? Les bons réflexes et les acteurs de terrain
Lorsque la situation semble critique, un principe prévaut : la sécurité d’abord. En cas de danger immédiat, il faut appeler le 17, indiquer clairement le lieu, le nombre d’agresseurs, la présence éventuelle d’armes ou d’enfants.
Dans d’autres situations, il est recommandé d’aider la victime à s’orienter vers les services spécialisés. La province Sud rappelle la présence d’un écosystème d’acteurs solides, dont l’action est trop peu connue :
Le Relais de la province Sud : 20 37 70 ou n° vert 05 00 21
Le DAV au Médipôle : 20 83 40
SOS Écoutes : n° vert 05 30 30
SOS Violences : n° vert 05 11 11 ou 25 00 04
Le CIDFE : 20 37 40
L’ADAVI : 27 76 08
L’ACJK : 96 30 55
Les assistantes sociales du secteur
Si la victime ne souhaite pas porter plainte, il faut malgré tout lui indiquer l’existence de ces services, tout en restant présent, sans pression, mais sans complaisance non plus.
Si elle est prête à saisir la justice, il est essentiel de lui rappeler qu’elle n’est pas seule, que l’État, les forces de l’ordre et les associations sont là pour l’accompagner. Témoigner, lorsqu’on a été témoin de violences, est parfois décisif.
La campagne #PointNoir s’inscrit dans une approche claire : ne pas déresponsabiliser les auteurs, soutenir les victimes, valoriser l’action des institutions publiques, encourager les citoyens à ne pas détourner le regard.
À l’heure où certaines voix minimisent la gravité des violences intrafamiliales au nom d’idéologies victimaires, la province Sud choisit l’efficacité et la lucidité.















