Les États-Unis verrouillent les routes du Pacifique. Face à la montée de la marine chinoise, Washington renforce sa présence aux Philippines, transformant les îles de Batanes en avant-poste stratégique.
Une route étroite au cœur de la rivalité sino-américaine
Située à seulement 145 kilomètres de Taïwan, la province philippine de Batanes devient un maillon central de la stratégie américaine pour endiguer la puissance navale chinoise.
Au centre de l’enjeu : le Bashi Channel, couloir maritime reliant la mer de Chine méridionale au Pacifique occidental. En cas de guerre, ce passage pourrait être verrouillé par les États-Unis et leurs alliés pour empêcher la flotte chinoise de manœuvrer librement.
Depuis 2023, les habitants de ces îles paisibles ont vu défiler des exercices conjoints américano-philippins incluant le déploiement de missiles anti-navires NMESIS, capables de frapper jusqu’à 300 kilomètres.
Un signal clair : le Pentagone prépare le terrain pour bloquer l’expansion maritime de Pékin.
La « première chaîne d’îles » : le bouclier américain dans le Pacifique
Les Philippines, composées de plus de 7 600 îles, occupent une position cruciale dans la “first island chain”, ce dispositif de défense reliant le Japon, Taïwan, les Philippines et Bornéo.
Cette ligne forme une barrière naturelle face à la Chine et constitue le cœur de la stratégie américaine de containment.
Sous la présidence de Ferdinand Marcos Jr., Manille a resserré ses liens militaires avec Washington, après les années de refroidissement sous Rodrigo Duterte.
Résultat : plus de 500 exercices conjoints prévus pour 2026, et un retour durable des troupes américaines sur le sol philippin.
Le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, a confirmé une volonté de « nier toute agression chinoise » dans cette première ligne de défense.
Du côté chinois, la riposte est diplomatique mais ferme. Pékin dénonce une politique de provocation et multiplie les « guerres hybrides » : harcèlement de bateaux philippins, incursions maritimes et pressions diplomatiques constantes.
Batanes : un avant-poste sous tension, entre peur et préparation
À Basco, capitale de Batanes, les habitants ont appris à vivre au rythme des hélicoptères et des missiles.
La population locale, autrefois paniquée, s’habitue à cette nouvelle militarisation. Le gouverneur Ronald Aguto Jr. prépare même des plans d’évacuation en cas de guerre à Taïwan, redoutant un afflux massif de réfugiés.
Sur le plan militaire, les Philippines disposent désormais de missiles BrahMos d’origine indienne, capables de frapper à plus de 500 km. Ces systèmes, combinés aux déploiements américains, visent à empêcher la Chine d’accéder au Pacifique.
Comme le résume un ancien amiral philippin :
Si Pékin s’inquiète de nos manœuvres, c’est que nous faisons les choses correctement.
Cette militarisation rapide transforme les îles paradisiaques du nord en poudrière stratégique, où la moindre étincelle pourrait rallumer la guerre froide du Pacifique.















