Deux chiffres, deux réalités : les femmes calédoniennes n’ont jamais été aussi présentes dans l’économie, mais les inégalités persistent profondes et mesurables.
À l’ouverture de la cinquième édition du Nouméa Women’s Forum, la province Sud assume une orientation claire : passer des constats aux solutions, sans céder à la culture de la plainte.
Une photographie économique qui ne laisse aucune place au déni
L’ouverture du Nouméa Women’s Forum, ce mardi 4 novembre, met en lumière une réalité incontestable : les femmes participent massivement à l’économie calédonienne, mais l’accès à une progression équitable reste semé d’obstacles.
Entre 2013 et 2019, les salaires en Nouvelle-Calédonie ont augmenté plus vite que l’inflation, pour atteindre 342 000 F.CFP mensuels en moyenne. Mais derrière cette progression globale, la différence entre hommes et femmes demeure.
En 2019, les femmes gagnent 11 % de moins que les hommes (321 000 F.CFP contre 360 000 F.CFP), un écart qui grimpe à 14,4 % dans le privé et à 17 % dans le public. Le fait est sourcé, précis et documenté. Pire : l’écart se creuse avec l’âge. Nul avant 30 ans, il augmente régulièrement pour atteindre 16 % en fin de carrière.
À cela s’ajoute un autre défi : les bas salaires. En 2019, 20,4 % des salariés touchent un revenu inférieur à 157 000 F.CFP nets, soit l’équivalent du SMG brut. Les moins de 30 ans sont les plus touchés, tout comme les ouvriers, les employés, les métiers peu qualifiés et le secteur agricole, où 45 % des emplois sont rémunérés au Smag. Dans chaque segment, les femmes sont proportionnellement plus nombreuses.
Pourtant, l’analyse n’est pas un tableau noir. Elle montre également une montée en puissance structurante. En 2014, les femmes représentaient 45 % des actifs occupés une progression continue depuis 2009. Elles occupent 40 % des postes de cadres, un taux qui a doublé en vingt ans. Et elles sont plus diplômées, avec des parcours scolaires plus longs et des résultats au baccalauréat supérieurs à ceux des hommes.
La province Sud choisit de lire ces données avec un prisme clair : moins de discours victimaires, plus de responsabilité individuelle, de formation, d’initiative et d’ouverture économique.
L’entrepreneuriat féminin : un moteur solide et en pleine accélération
Dans une économie souvent étroite et dépendante de secteurs traditionnels, l’entrepreneuriat féminin est devenu un levier de transformation majeur. En Nouvelle-Calédonie, une entreprise sur trois est fondée par une femme. Ce chiffre dit tout : les Calédoniennes créent, structurent, innovent et assument leur rôle d’actrices économiques.
En 2020, 44 % des microcrédits professionnels accordés par l’ADIE-NC ont bénéficié à des femmes. La majorité sont peu diplômées, 20 % ont moins de 30 ans et 35 % vivent hors du Grand Nouméa. Autrement dit, le dynamisme entrepreneurial féminin n’est pas un phénomène de niche urbaine, mais un mouvement transversal.
Les secteurs privilégiés sont ceux des services à la personne, de l’agriculture et du commerce. Certains y voient des choix traditionnels ; d’autres, des secteurs essentiels à la résilience territoriale. Les femmes, elles, y voient surtout une opportunité de bâtir une indépendance financière tout en conciliant responsabilités familiales ou coutumières.
L’artisanat confirme cette dynamique. En 2021, 4 400 femmes sont pilotes ou copilotes d’une entreprise artisanale, dont 2 708 cheffes d’établissement. Elles représentent désormais 25 % des dirigeants, trois points de plus qu’en 2020 et quatre de plus qu’il y a dix ans. La progression est nette, durable et ancrée.
Les trois provinces suivent le mouvement : 24 % de cheffes en province Sud, 28 % en province Nord, 30 % aux Îles Loyauté. Contrairement aux idées reçues, l’esprit d’entreprise féminin n’est donc pas réservé aux zones urbaines ni aux milieux favorisés.
Formation, accès à l’emploi et progression : un enjeu d’exigence, pas de compassion
Une donnée structurelle s’impose : les femmes calédoniennes sont plus diplômées et réussissent mieux leurs études. Pourtant, leurs orientations restent souvent concentrées dans certaines filières, limitant leur accès aux postes les plus stratégiques. Plus on monte dans la hiérarchie, plus les écarts réapparaissent. Ce n’est pas propre au territoire, mais en Nouvelle-Calédonie, cela se voit nettement.
La province Sud défend une approche claire, assumée et décomplexée : il ne s’agit pas d’accuser, mais d’encourager. Encourager les ambitions, bousculer les orientations, soutenir la montée en compétences et ouvrir davantage l’accès aux postes à responsabilité. Loin des discours culpabilisants ou des quotas imposés, l’objectif est de permettre aux femmes de progresser par le mérite, le travail et l’exigence.
D’autres indicateurs confirment l’évolution : au premier trimestre 2025, les femmes représentent 27 817 actifs dans l’ensemble du secteur privé.
En 2015, elles constituaient 28,9 % des entreprises individuelles. Aujourd’hui, elles sont 47 % des Kanak en emploi, preuve d’un ancrage progressif et profond dans l’économie réelle.
Dans cette logique, le territoire encourage l’autoentrepreneuriat local, le statut de patenté qui permet aux femmes de gagner leur autonomie financière tout en maintenant un équilibre familial ou coutumier. Un modèle souple, adapté au territoire et surtout efficace.
La province Sud assume une vision simple et droite :
Moins de victimisation, plus d’action.
Moins de discours, plus d’initiatives.
Moins de slogans, plus de libertés économiques.
Les femmes calédoniennes n’ont pas besoin d’assistanat : elles ont besoin de confiance, d’outils, d’accès aux responsabilités et d’un environnement qui valorise l’effort. L’économie locale le montre chaque année : lorsqu’on leur laisse la place, elles la prennent et elles avancent.














