Dans un territoire où l’engagement se mesure rarement en discours, mais toujours en actes, certains bâtissent l’unité quand d’autres préfèrent entretenir les fractures.
Le sport calédonien récompense ceux qui construisent, pas ceux qui divisent
Vendredi 7 novembre, au Centre des activités nautiques de la province Sud, l’ambiance n’était ni à la polémique ni aux postures. Elle était au respect, à la reconnaissance, à cette gratitude sincère que l’on doit à celles et ceux qui donnent sans compter. Loin des débats stériles et des querelles identitaires, la soirée a mis en lumière ces bénévoles qui, année après année, portent le sport calédonien à bout de bras.
Christine Pena, présidente du Comité calédonien des médaillés de la jeunesse, des sports et de l’engagement associatif, l’a rappelé avec justesse :
L’être humain a besoin de lien social pour vivre en harmonie, forger les caractères, partager notre savoir et savoir-être. Grâce à votre engagement, ce brassage peut se faire.
Des propos simples, forts, qui rappellent combien le sport demeure un rempart solide face aux divisions artificielles qui rongent parfois le débat public. Quand certains instrumentalisent la jeunesse pour faire avancer des agendas politiques, d’autres eux transmettent des valeurs. Courage, discipline, dépassement. Ce sont ces piliers que les bénévoles incarnent, loin des caméras, loin du tumulte.
Au nom de la présidente de la province Sud, Sonia Backes, le deuxième vice-président Gil Brial a lui aussi insisté sur ce rôle essentiel.
Vous êtes ceux et celles qui font vivre notre jeunesse et nos quartiers. Merci pour tout ce que vous faites, pour votre engagement et votre accompagnement. Vous êtes là où les collectivités ne peuvent pas toujours être. Merci aussi à vos familles qui vous permettent de vous engager auprès de nos enfants.
Un message clair, ferme, profondément lucide : l’État et les collectivités ne peuvent pas tout. Le pays ne tient debout que grâce à ceux qui s’engagent.
Les médailles ministérielles remises depuis 2022 célèbrent des années de service, de terrains, de déplacements, de sacrifices personnels. Elles rappellent que le sport, ici plus qu’ailleurs, est un vecteur d’unité, un antidote aux discours victimaires et au repli sur soi. Ceux qui se sont levés hier pour recevoir leur médaille ne cherchent pas à opposer, mais à rassembler.
Nos légendes sportives transmettent le flambeau : une relève forte pour une Calédonie solide
La cérémonie ne s’est pas limitée à une remise de médailles. Elle a aussi été marquée par la présence de figures sportives emblématiques, d’anciens champions, de dirigeants respectés, tous unis pour célébrer l’engagement associatif. Ce front commun, loin des divisions habituelles, a donné à la soirée une force particulière : une démonstration que la Calédonie sait honorer ses bâtisseurs.
Voir ces légendes saluer les bénévoles, c’était comprendre que l’histoire sportive du territoire ne repose pas uniquement sur des performances, mais sur une chaîne de transmission. Sans bénévoles, pas de clubs. Sans clubs, pas de champions. Sans champions, pas de fierté collective. Le message était limpide, presque solennel.
Cette émotion s’est ressentie dans les regards, dans les poignées de main, dans les sourires, dans ce moment où les anciens ont remis symboliquement le témoin à ceux qui prennent le relais. Le sport calédonien n’est pas seulement un divertissement : il est un lieu d’effort, un rite éducatif, un terrain où l’on apprend à devenir responsable. Rien de plus éloigné des discours victimaires ou de la culture de l’excuse.
La remise des médailles a donc eu une portée profondément politique au sens noble du terme : reconnaître les forces vives du pays. Dans une période où certains cherchent à déconstruire, la Calédonie, avant-hier, a choisi de construire, de valoriser le mérite, l’engagement, la constance.
Parrainage des nouveaux bénévoles : une génération qui arrive, un avenir qui s’éclaire
La soirée s’est conclue par un geste fort : le parrainage des nouveaux bénévoles. Une tradition symbolique, mais ô combien significative dans un territoire qui a parfois tendance à oublier que la réussite n’est jamais spontanée. Elle est transmise, patiemment, avec exigence.
Les nouveaux engagés ont été accueillis par leurs aînés, accompagnés, conseillés, intégrés dans cette grande famille sportive qui tisse depuis des décennies un lien social que l’on chercherait en vain ailleurs. Ce rituel, loin des effets de mode, réaffirme la continuité d’un modèle fondé sur la responsabilité personnelle, la discipline, l’effort partagé.
Cette nouvelle vague de bénévoles arrive dans un moment clé pour la Nouvelle-Calédonie. Les défis sont là : cohésion sociale, jeunesse à accompagner, clubs à renforcer, valeurs à défendre. Et vendredi soir, face au public, ces nouveaux engagés ont montré qu’ils étaient prêts à prendre leur place, à servir, à s’investir, à continuer de faire du sport calédonien un espace d’unité et non de fracture.
C’est peut-être cela, le plus important : la preuve qu’un territoire n’a jamais perdu tant qu’il est capable de produire des hommes et des femmes prêts à s’engager.
(Crédit photo : province Sud)


































