Sous couvert de « recherche scientifique », Pékin déploie ses instruments dans le Pacifique Sud. Objectif : cartographier les richesses minérales des fonds marins avant tout le monde.
Un navire chinois au cœur des îles Cook
Le Da Yang Hao, bâtiment de près de 100 mètres, a accosté samedi dans le port d’Avatiu, au cœur des îles Cook, pour une « mission de recherche scientifique ». Officiellement, il s’agit de cartographier les fonds marins et de prélever des échantillons de sédiments. Officieusement, la mission alimente les inquiétudes sur la stratégie d’expansion maritime de la Chine.
Le territoire insulaire, qui abrite l’un des plus vastes gisements mondiaux de nodules polymétalliques, a signé cette année un accord de coopération en exploitation minière sous-marine avec Pékin. Ces nodules, riches en cobalt, nickel et manganèse, attisent les convoitises à mesure que les besoins liés à la transition énergétique explosent.
Un enjeu géopolitique entre Pékin et Washington
Les États-Unis ont eux aussi signé, en août dernier, un partenariat de recherche avec les îles Cook. Les deux puissances s’affrontent désormais pour sécuriser l’accès aux minerais critiques, essentiels à la fabrication des véhicules électriques, batteries et technologies militaires.
Le Da Yang Hao, estampillé du logo de l’Ocean Mineral Resources Research Association chinoise, cristallise les soupçons. En 2021, le Palau allié des États-Unis, l’accusait déjà d’être entré sans autorisation dans sa zone économique exclusive. Cette présence répétée alimente le débat sur le soft power maritime de Pékin et sur l’usage dual de ses missions scientifiques.
Un eldorado minéral sous haute tension environnementale
Si l’exploration est bien avancée, aucune exploitation commerciale n’a encore débuté. Les défenseurs de l’environnement redoutent que le dragage des fonds marins n’étouffe la faune océanique et que le vacarme des machines ne perturbe les migrations. Les autorités internationales cherchent encore à établir un cadre juridique pour cette industrie aussi prometteuse que risquée.
Dans ce duel silencieux entre superpuissances, le Pacifique Sud devient le nouveau front d’une guerre des profondeurs : celle du contrôle des ressources stratégiques.















