La chute d’Andry Rajoelina et l’arrivée d’une junte militaire font vaciller l’équilibre stratégique de l’océan Indien.
Un basculement politique au cœur de l’océan Indien
Après des années de stabilité, Madagascar replonge dans le chaos politique. Le président Andry Rajoelina a été renversé par le colonel Michael Randrianirina, désormais chef d’un régime militaire. L’île, longtemps considérée comme un havre de neutralité, devient aujourd’hui un nouveau théâtre de la rivalité mondiale entre grandes puissances.
Située entre l’Afrique et l’Asie, Madagascar occupe une position géostratégique majeure sur les routes maritimes de l’océan Indien. Autour d’elle, les bases militaires se multiplient : France à La Réunion, États-Unis et Royaume-Uni à Diego Garcia, Chine à Djibouti, Inde à Agalega. Ce réseau d’alliances transforme l’île rouge en point névralgique de la compétition Indo-Pacifique.
Une île convoitée pour ses ressources et ses alliances
Au-delà du pouvoir, les richesses naturelles de Madagascar attisent toutes les convoitises. L’île produit du nickel, du graphite, du cobalt et du granite, matériaux essentiels pour les batteries électriques, l’aéronautique et la défense. Les États-Unis, le Japon et la Corée du Sud figurent parmi ses principaux clients.
Dans la course mondiale à l’influence, la Chine et la Russie y voient une nouvelle tête de pont stratégique. Pékin pourrait intégrer Madagascar dans son « collier de perles », tandis que Moscou mise sur ses réseaux de mercenaires et son pétrole diplomatique. Pour les puissances occidentales, la crainte est claire : voir l’île basculer dans le camp des régimes autoritaires déjà installés au Sahel et en Afrique centrale.
Vers une contagion régionale des révoltes
La chute de Rajoelina s’inscrit dans une vague de soulèvements populaires qui secoue depuis 2022 plusieurs petits États : Sri Lanka, Bangladesh, Népal, Kenya, Tanzanie… Partout, inflation, dette étrangère et frustration des jeunes générations nourrissent la colère.
Suspendue de l’Union africaine, la junte malgache risque de s’isoler davantage et de se rapprocher de Pékin et de Moscou. Dans un monde fragmenté, les petits États insulaires deviennent les premières victimes de la rivalité entre blocs. Le coup d’État malgache n’est donc pas un incident local, mais le symptôme d’une nouvelle guerre froide Indo-Pacifique.















