Nouvelle au gouvernement, Naïa Wateou veut conjuguer lucidité et efficacité, dans un contexte calédonien au bord de l’asphyxie économique.
Une nomination entre humilité et urgence politique
À peine entrée au 18ᵉ gouvernement, Naïa Wateou pose un diagnostic lucide :
C’est un mandat de six à huit mois, on ne fera pas la révolution, mais on peut amorcer des perspectives.
Succédant à Thierry Santa, elle hérite d’un portefeuille stratégique : travail, emploi, fonction publique, handicap, économie sociale et solidaire, et audiovisuel. Un champ large, dans un contexte budgétaire tendu.
L’humilité, c’est la condition pour ne pas perdre le contact avec les réalités des Calédoniens
confie-t-elle, consciente du caractère transitoire de son mandat.
Pour elle, la priorité n’est pas de “briller” mais d’accorder les priorités aux moyens réels du pays :
On ne peut pas être hors-sol. Il faut des résultats concrets là où c’est possible. Nous avons besoin de lucidité, pas de promesses vides. Les Calédoniens veulent du concret.
L’économie sociale et solidaire, pilier d’un modèle à reconstruire
Naïa Wateou n’a pas caché son attachement à l’économie sociale et solidaire (ESS), un secteur qu’elle a contribué à faire émerger en province Sud et qu’elle veut désormais structurer à l’échelle du gouvernement.
Ce n’est pas un gadget économique, c’est une réponse sociale à la crise
Deux lois du pays reconnaissent déjà ce modèle, mais leur mise en œuvre reste à consolider.
Tout a explosé après le 13 mai. Il faut se compter pour mieux reconstruire
rappelle-t-elle, faisant référence aux émeutes qui ont ravagé des centaines d’entreprises.
Pour elle, la relance passera aussi par les aidants et bénévoles, ces “héros invisibles du quotidien” qu’elle veut reconnaître officiellement :
Ce sont des vies, des familles, on ne peut pas sabrer sans discernement. Dans une économie abîmée, l’humain doit redevenir la priorité.
Le Nouméa Women’s Forum, symbole d’un leadership féminin pragmatique
Naïa Wateou est également à l’origine du Nouméa Women’s Forum, dont la cinquième édition vient de s’achever.
Chaque édition est une bulle d’oxygène dans un pays en crise. Mais c’est surtout un lieu où les paroles se traduisent en actes
Ce forum, devenu un espace de travail concret entre femmes, directions publiques et institutions, a déjà donné naissance à plusieurs mesures fortes :
- le congé paternité,
- les lois sur l’économie sociale et solidaire,
- et de nouvelles réflexions sur la protection juridique et l’entrepreneuriat féminin.
On discute, oui, mais on agit aussi
insiste-t-elle. L’objectif désormais ? Donner une dimension pacifique au forum, avec la participation d’acteurs de Wallis-et-Futuna, de la Polynésie française et de Fidji.
Les problématiques sont similaires, mais les réponses peuvent être partagées. C’est notre ambition : coopérer dans la région, pas seulement débattre entre nous. Le forum ne doit pas s’affadir : il doit inspirer la région.
Face à Naïma Moutchou, la Calédonie veut des réponses, pas des discours
La visite de la ministre des Outre-mer, Naïma Moutchou, s’annonce comme un test politique majeur. Naïa Wateou ne cache pas l’attente :
Les Calédoniens veulent des annonces claires. On ne peut plus se contenter de paroles. Il faut savoir où l’on va.
Entre urgence économique et calendrier institutionnel incertain, la tension monte.
Nous avons 11 000 chômeurs, des entreprises détruites, un régime de retraite menacé… À un moment donné, il faut avancer.
Sur la question du dialogue politique avec le FLNKS, son ton se veut pragmatique :
Il faut avancer, tout simplement. Nous n’avons plus le luxe d’attendre que tout le monde soit d’accord sur chaque virgule. L’avenir du pays ne peut pas dépendre de ceux qui hésitent à avancer.
Une responsable de terrain avant tout
Dans un paysage politique fragmenté, Naïa Wateou apparaît comme l’une des rares à lier action locale et vision économique.
Elle refuse les postures et revendique une méthode : le contact direct, la concertation, la proximité.
Être au gouvernement, c’est d’abord être au service. Le reste, ce sont les Calédoniens qui jugeront.
Un ton ferme, une posture assumée : celle d’une femme qui sait que le temps est compté mais que chaque décision, même modeste, peut redonner de l’air à une société à bout de souffle.
Naïa Wateou incarne une génération politique qui refuse la résignation. Dans un territoire en crise, elle mise sur la proximité, la méthode et la cohérence.
Reste à savoir si, dans un gouvernement à durée limitée, l’efficacité pragmatique pourra enfin remplacer les grands discours.
Les Calédoniens jugeront sur les actes, pas sur les intentions














