Port de Darwin :
Le port de Darwin, au nord de l’Australie, est au cœur d’un bras de fer diplomatique entre Canberra et Pékin. Loué pour 99 ans en 2015 au groupe chinois Landbridge, cet actif stratégique suscite aujourd’hui des inquiétudes croissantes du côté australien. Le gouvernement travailliste du Premier ministre Anthony Albanese envisage de reprendre le contrôle du site, dénonçant une vente précipitée orchestrée par l’ancien gouvernement conservateur.
« Le port de Darwin devrait être entre les mains des Australiens », a déclaré M. Albanese en avril dernier, soulignant que le contrat initial liait le pays à une entreprise aux liens étroits avec le gouvernement chinois. Cette position marque un virage stratégique, alors que l’influence économique de Pékin dans les infrastructures australiennes est de plus en plus critiquée.
L’initiative australienne n’a pas tardé à susciter la colère de la Chine. L’ambassadeur chinois en Australie, Xiao Qian, a fermement dénoncé le projet de reprise. « Une telle entreprise et un tel projet méritent d’être encouragés, pas sanctionnés », a-t-il affirmé dans un communiqué publié le 25 mai. Selon lui, il est « éthiquement discutable » de chercher à récupérer une infrastructure une fois qu’elle devient rentable, après l’avoir cédée lorsqu’elle ne l’était pas. Il a exhorté Canberra à respecter ses engagements contractuels.
Au-delà des enjeux économiques, le port de Darwin revêt une importance géopolitique majeure. Il est le plus proche de l’Asie parmi les ports australiens et sert également de base logistique aux forces américaines. En 2015, l’ancien président américain Barack Obama avait exprimé son mécontentement, déplorant le fait que Washington n’ait pas été informé de l’accord avec Landbridge.
Le cas de Darwin n’est pas isolé : un autre port australien, celui de Newcastle (au sud-est), est également partiellement sous le contrôle du groupe chinois China Merchants, également via un bail de 99 ans. Ces investissements chinois, perçus par certains comme une stratégie d’influence à long terme, alimentent un débat national sur la souveraineté économique et la sécurité des infrastructures critiques.
Le sort du port de Darwin reste donc incertain, mais il illustre plus largement la complexité des relations sino-australiennes, prises entre intérêts économiques, souveraineté nationale et alliances stratégiques.