La Nouvelle-Calédonie s’est réveillée ce mercredi avec un soulagement prudent : les cantines scolaires catholiques ont enfin rouvert.
Une éclaircie attendue, après plus d’une semaine où les élèves ont payé le prix de décisions mal calibrées, au cœur d’une crise devenue politique.
Une reprise attendue après une semaine de tension dans les écoles
Ce mercredi 12 novembre marque la fin d’une paralysie qui n’aurait jamais dû frapper les familles. Depuis plus d’une semaine, les élèves de l’enseignement catholique se rendaient en cours sans repas chaud, conséquence directe d’une décision brutale de la DDEC, qui s’est révélée incapable de maintenir un service pourtant essentiel. Dans un territoire où les parents jonglent déjà avec les difficultés économiques, cette suspension avait été vécue comme une double peine.
La grogne était montée partout : établissements, associations de parents, communes. Beaucoup dénonçaient une situation où, une fois de plus, « les enfants servaient de variables d’ajustement ». Face au tollé, la reprise a finalement été enclenchée après le vote, le 30 octobre au Congrès de la Nouvelle-Calédonie, d’une subvention exceptionnelle de 400 millions de francs pour sauver temporairement les services de restauration et d’internat du privé confessionnel.
Ce soutien concerne la DDEC, mais aussi la FELP (protestants) et l’ASEE (évangéliques), réseaux scolaires protestant et évangélique. L’objectif affiché : garantir la continuité d’un service public que ces structures assurent au quotidien, souvent avec des moyens limités.
Le gouvernement adopte sept subventions exceptionnelles pour l’exercice 2025
Alors que les cantines catholiques rouvraient leurs portes, le gouvernement réuni en collégialité a adopté, le même jour, sept arrêtés allouant des subventions exceptionnelles aux structures de l’enseignement privé. Une manière d’éteindre l’incendie et d’apporter un début de réponse durable aux difficultés de trésorerie.
Au total :
– 300 022 507 F pour la DDEC
– 16 447 205 F pour la Communauté des alliances scolaires et éducatives de Bwakhadra
– 42 438 888 F pour la FELP
– 12 455 165 F pour Havila Alliance Scolaire
– 10 964 804 F pour Hnaizianu Alliance Scolaire
– 7 664 717 F pour l’association protestante de Maré Hnaran-Taremen
– 10 006 714 F pour l’établissement Eben Eza
Ces montants ne sont pas des chèques en blanc : le gouvernement a posé des conditions strictes. La DDEC devra ainsi participer à une étude stratégique financée par la Nouvelle-Calédonie pour définir son plan de viabilité. Pour les autres structures, chaque versement dépendra d’un état précis des emplois intervenant dans les cantines et internats. Une manière d’éviter toute dérive et de s’assurer que l’argent public bénéficie réellement aux élèves.
Comme l’a résumé Isabelle Champmoreau, membre du gouvernement chargée de l’enseignement :
Le versement est conditionné à une transparence complète sur les emplois et l’organisation des services.
Une exigence saluée par plusieurs élus, soucieux de voir les structures privées tenues à la même discipline budgétaire que les établissements publics.
Une crise révélatrice : entre crédibilité financière et mission éducative
Cette affaire laisse un arrière-goût amer. Dans un territoire où l’enseignement confessionnel joue un rôle fondamental, voir les cantines s’arrêter du jour au lendemain pose question. Comment une direction peut-elle en arriver à suspendre un service vital sans plan d’urgence ?
D’un côté, les associations rappellent la réalité : hausse des coûts alimentaires, charges salariales, budgets serrés. De l’autre, de nombreuses familles estiment que les élèves ne doivent jamais être pris en otage d’un bras de fer financier. Le débat est devenu politique : faut-il mieux encadrer les financements du privé ? Faut-il imposer des règles identiques à celles du public ?
Une chose est sûre : cette crise aura laissé des traces. Elle montre combien les structures confessionnelles doivent renforcer leur gouvernance et leur capacité à anticiper. Mais elle souligne aussi la nécessité, pour les institutions calédoniennes, de protéger les services scolaires essentiels, quels que soient les opérateurs.
Dans un contexte local tendu, cette reprise progressive apporte une respiration. Les enfants retrouvent un repas, les parents une stabilité, et les établissements un cap. Reste désormais à voir si les engagements financiers, encadrés par des conditions strictes, permettront d’éviter une nouvelle secousse. Car dans un territoire où l’école reste le premier rempart contre les fractures sociales, la restauration scolaire n’est pas un simple service : c’est un pilier.















