Elle revient, plus forte que jamais, sur un lagon qui n’a rien perdu de sa majesté.
Un rendez-vous sportif, identitaire et assumé, où la fierté calédonienne reprend toute sa place.
Une course mythique qui renaît et affirme l’identité maritime calédonienne
Il aura fallu plusieurs années d’attente, mais la BlueScope Race signe un retour spectaculaire. Sur le lagon de Nouméa, ce samedi 15 novembre depuis 9 h, la 15ᵉ édition a rassemblé tout ce que la Nouvelle-Calédonie fait de mieux : la passion, l’effort, l’exigence et un rapport viscéral à la mer. Une renaissance qui tombe à point nommé dans un territoire où l’on a parfois oublié que la fierté n’est pas un gros mot.
Cette édition n’est pas anodine : elle marque aussi les 160 ans du Phare Amédée, monument français, repère maritime historique et symbole assumé de notre ancrage dans la République. Le départ depuis ce géant de métal n’est pas qu’un décor : c’est une déclaration. Un territoire qui se projette vers l’avenir n’a pas à renier son héritage.
Organisée par l’ASPTT Nouméa Glisse, la traversée réunit plus de 300 athlètes : windsurfers, kitesurfers, wingfoilers, va’a, croiseurs… une véritable armée de passionnés prêts à affronter l’un des plans d’eau les plus exigeants du monde. Sous un soleil tranchant, le lagon s’est transformé en piste d’expression où chacun affirme son goût de la liberté, cette valeur profondément calédonienne.
Le public, lui aussi, répond présent. Après des années de pause, les familles, les clubs, les passionnés et les simples curieux ont voulu vivre ce retour au plus près. Parce que la BlueScope Race, ce n’est pas seulement une compétition : c’est un moment où la communauté se rassemble sans filtre, sans victimisation, sans posture.
Samedi, les animations ont envahi l’Anse Vata : initiations V6 avec ASPTT Va’a Nouméa, foil tracté avec Glisse Attitude NC, démonstrations de pump foil avec Caledonian Foil… une manière concrète de transmettre un savoir-faire, de donner aux jeunes un autre horizon que celui de la plainte. La glisse comme école de discipline, d’humilité, de dépassement.
Dimanche, place au grand frisson : la traversée Amédée–Grande Terre, la plus emblématique. Les records d’Antoine Albeau (20 min 05 s), d’Océane Lescadieu (24 min 06 s) et d’Antony Roudeillac (22 min 34 s) flottent dans les esprits. Les compétiteurs veulent les battre, le public veut vibrer, et le lagon imposera sa loi comme toujours.
La BlueScope Race s’inscrit dans le Mois de la Voile 2025, et son succès tient à un constat simple : quand les Calédoniens se rassemblent autour de ce qui les unit la mer, l’effort, le plaisir du geste juste tout devient plus clair, plus fort, plus apaisé.
Une édition tournée vers la mer, la transmission et l’excellence sportive
Trois célébrations majeures donnent une tonalité unique à cette édition. D’abord, les 160 ans du Phare Amédée, qui restent l’un des symboles les plus puissants de la présence maritime française dans le Pacifique. Voir la course y reprendre ses droits, c’est renouer avec une forme de normalité, une évidence : notre mer n’est pas seulement un décor, mais un pilier de notre identité.
Ensuite, cette édition s’inscrit dans l’Année de la Mer, placée sous le thème « Un Océan en commun ». Loin des slogans culpabilisants, le message porté ici est positif, actif, responsabilisant : aimer son océan, c’est le respecter, et le respect passe par la connaissance, la pratique et la transmission.
Enfin, c’est le grand retour sur l’Anse Vata, un lieu où la glisse a toujours été un marqueur identitaire. Là où tant de Calédoniens ont appris à naviguer, à tomber, à recommencer bref, à devenir plus solides.
La BlueScope Race 2025 veut aussi renforcer les liens entre les clubs nautiques, les écoles de glisse, les associations et les compétiteurs. Une vraie stratégie de territoire où chacun trouve sa place, sans guerre d’ego. Le village BlueScope Race, installé tout le week-end sur l’Anse Vata, a offert animations, initiations, stands, rencontres et bonne humeur. Un lieu simple, familial, où l’on vient respirer autre chose que la tension ambiante.
Les tarifs raisonnables et accessibles rappellent que l’événement veut rester populaire : Funny Race à 1 000 CFP, soirée de clôture à 2 000 CFP, et un petit frais de gestion pour les paiements en ligne. Rien de disproportionné, rien de hors-sol : une fête sportive pour tous.
Une course exigeante, respectueuse du lagon et fidèle à l’esprit calédonien
Rendre hommage au lagon, oui, mais sans en faire un objet sacralisé ou déconnecté du réel. La BlueScope Race l’a compris : préserver, c’est agir, pas faire la morale. L’événement affiche donc un dispositif concret et responsable : respect des zones protégées, tri sélectif aux départs et aux arrivées, pratiques de glisse plus propres. Pas des promesses, des faits.
Le message est clair : nous partageons la mer, alors nous devons la protéger sans compromis. Une vision simple, efficace, réaliste. Pas de grands discours apocalyptiques, mais des gestes qui comptent. Une écologie d’action, pas de posture.
La communauté nautique calédonienne porte cette philosophie depuis longtemps. Pour elle, l’océan n’est pas un sujet politique ou militant, c’est un lieu de vie, un terrain de jeu, un patrimoine commun. Et la BlueScope Race le rappelle avec force : la mer rassemble plus que tout.
Sous un ciel éclatant, les compétiteurs prennent le départ. Les ailes se déploient, les voiles claquent, les coques glissent. Une énergie brute, une beauté simple, un moment de vérité. Le lagon impose son rythme, ses caprices, ses fulgurances.
Cette 15ᵉ édition marque un tournant. Elle prouve que la BlueScope Race n’était pas un événement du passé, mais un rendez-vous vivant, attendu, revendiqué. Elle montre qu’en Nouvelle-Calédonie, on peut créer du lien, célébrer, transmettre, partager… quand on choisit de valoriser ce qui fonctionne, ce qui rassemble, ce qui rend fier.
En 2025, la BlueScope Race ne fait pas que revenir : elle remonte le niveau, elle relève la tête, elle remet du souffle. Et c’est exactement ce dont la Calédonie avait besoin.
















