La reconstruction n’attend pas, surtout quand un territoire doit se relever vite et fort.
Et en Nouvelle-Calédonie, le gouvernement veut prouver qu’il sait encore agir.
Une reconstruction qui exige du sérieux, pas des lamentations
Face à une année 2024 catastrophique, le territoire a choisi la responsabilité plutôt que la plainte. Sous l’impulsion de Petelo Sao, membre du gouvernement en charge de la construction, de l’habitat, de l’urbanisme et de l’innovation technologique, l’exécutif réunit ce 19 novembre, au centre culturel Tjibaou, l’ensemble de la maîtrise d’ouvrage du pays pour une journée de travail massive, entièrement dédiée à la relance.
Le message est clair : reconstruire vite, reconstruire mieux, reconstruire durable.
Pas question d’en rester aux discours. Le séminaire mise sur l’interactivité, avec QR codes, échanges directs et participation active des professionnels.
Les participants doivent pouvoir exprimer leurs besoins, leurs ressentis, et surtout contribuer aux solutions, insiste Petelo Sao.
Objectif officiel : informer sur les nouveaux cadres réglementaires, techniques et financiers, mais aussi co-construire la feuille de route 2026-2028.
Objectif réel : remettre la commande publique au centre de la relance économique.
La commande publique doit redevenir un levier économique majeur, martèle le membre du gouvernement.
Dans un contexte où le secteur peine baisse du BT21, recul des matériaux, ralentissement des chantiers, le gouvernement pousse une stratégie assumée : moderniser, simplifier et redonner du souffle.
Des piliers stratégiques pour rebâtir un territoire solide
Le séminaire s’articule autour de quatre grands axes, chacun conçu pour remettre de l’ordre et de l’efficacité dans un secteur fracturé.
AGILITÉ – commande publique
Il s’agit de revisiter la délibération 424 sur la réglementation des marchés publics, temporairement assouplie pour répondre à l’urgence de 2024. Le but ? Simplifier les procédures, accélérer les passations et permettre aux PME locales de retrouver de l’air. L’enjeu est majeur : faire en sorte que ces mesures temporaires deviennent, si elles prouvent leur efficacité, des outils permanents de relance.
Nous devons vérifier si ces simplifications ont porté leurs fruits, souligne Petelo Sao.
QUALITÉ – normes, innovation, matériaux
Ici, la stratégie est claire : ne plus tolérer les retards, les défauts ou les chantiers au rabais. Le gouvernement met en avant le fonds AQC, créé en 2024 pour cofinancer des innovations et des projets de construction durable. Normes renforcées, matériaux certifiés, innovation encouragée : la qualité redevient un pilier non négociable.
PILOTAGE – reconstruction coordonnée
Le territoire veut enfin un plan pluriannuel d’investissement intercollectivités, afin d’éviter la dispersion et les doublons. L’heure n’est plus à l’improvisation : la reconstruction doit être ordonnée, alignée, méthodique.
MODERNISATION – BIM et jumeau numérique
Le gouvernement assume un virage technologique :
– BIM : une maquette numérique unique pour fluidifier la collaboration entre architectes, ingénieurs et maîtres d’ouvrage ;
– Jumeau numérique : un outil pour simuler, analyser et suivre en temps réel les infrastructures.
Deux technologies pour rendre les chantiers plus rapides, plus fiables, plus contrôlables.
Un séminaire dans un secteur BTP sous tension
La rencontre se tient alors que l’indice BT21 décroche encore : –0,3 % en septembre 2025, après une baisse équivalente en août. Le matériel chute lourdement (–2,8 %), l’acier recule, le bois de coffrage s’effrite. Seuls le gazole (+1,6 %), les ascenseurs (+4,2 %) et la climatisation (+3,2 %) compensent légèrement la tendance.
Sur douze mois, la baisse est nette : –0,7 %, preuve d’un secteur en souffrance.
Le BT21 « Tous travaux confondus » d’août reste à 99,91, un niveau bas qui a de quoi inquiéter.
C’est donc dans un contexte de fragilité, mais aussi d’opportunité, que se tient ce séminaire. Pour certains, c’est un test : le moment où l’exécutif doit prouver qu’il sait agir, et pas seulement commenter la crise.
Pour d’autres, c’est une chance : celle de transformer une épreuve en accélérateur de modernisation.
Une chose est certaine : la reconstruction calédonienne ne se fera pas par miracle, mais par méthode, travail et une volonté claire de remettre le pays en mouvement.














