C’est une scène devenue presque banale : une voiture heurte une autre, souvent légèrement, parfois violemment, puis repart aussitôt, sans laisser de mot, sans prévenir, sans assumer. Nuit et jour, sur les parkings, en bord de route ou devant les résidences, les “accrochages fantômes” se multiplient. Le dernier cas relayé près du MV Lounge à Nouméa n’est qu’un exemple parmi tant d’autres : un témoin affirme avoir noté la plaque et le modèle du véhicule qui a touché une voiture avant de prendre la fuite autour de 22h45–23h.
Ce geste de civisme, prévenir le propriétaire, est devenu rare. Pourtant, partir après avoir abîmé un véhicule sans laisser d’informations n’est pas seulement une incivilité : c’est une infraction clairement définie par le Code de la route et le Code pénal.
Un phénomène répandu, ici comme ailleurs
La fuite après un accrochage n’est pas propre à la Nouvelle-Calédonie. Dans toutes les grandes villes du monde, les stationnements serrés, les sorties de soirée alcoolisées ou la simple négligence multiplient les dommages matériels.
Mais sur le Caillou, plusieurs facteurs aggravent la situation :
- la forte densité automobile dans certains quartiers,
- les parkings privés saturés,
- la vie nocturne active, notamment à Nouméa,
- et parfois un sentiment d’impunité.
Résultat : des propriétaires découvrent le matin des pare-chocs enfoncés, des aile froissées ou un feu éclaté… sans aucun mot, aucun numéro, aucune trace de responsabilité.
Pour beaucoup, c’est la double peine : payer la réparation, ou lancer une procédure longue auprès de l’assurance qui exigera, à juste titre, une déclaration précise des faits.
La loi est sans ambiguïté : partir, c’est un délit
Contrairement à ce que certains semblent croire, toucher une voiture et s’en aller n’est pas un simple manque de politesse.
C’est une infraction pénale.
Voici ce que dit la loi :
- L’article R.231-4 du Code de la route (équivalent NC) impose à tout conducteur impliqué dans un accident matériel de s’identifier.
- Le délit de fuite, prévu par le Code pénal, est constitué dès lors qu’une personne quitte les lieux pour échapper à sa responsabilité.
Les sanctions peuvent aller jusqu’à :
- 2 ans d’emprisonnement,
- 3 000 000 Fcfp d’amende,
- suspension de permis,
- et hausse des primes d’assurance.
En clair : même un “petit frottement” oblige légalement à s’arrêter et à laisser ses coordonnées.
Civisme, savoir-être et rôle des témoins
Dans la majorité des cas, les automobilistes prennent la fuite soit par peur, soit par désinvolture. Mais les dégâts ne s’effacent pas parce qu’on s’éloigne.
Le vrai problème est souvent moral :
- assumer un geste,
- respecter autrui,
- se comporter comme on aimerait que les autres se comportent avec nous.
Le témoignage relayé près du MV Lounge montre l’importance du rôle des témoins.
Beaucoup n’osent pas intervenir, par crainte de représailles ou par indifférence. Pourtant, un simple geste, photographier la plaque, avertir le propriétaire, laisser un mot, peut faire toute la différence.
Il ne s’agit pas de “dénoncer pour dénoncer”, mais d’aider à rétablir une justice simple : celle du quotidien.
Un rappel utile : que faire si vous êtes témoin ?
La Sécurité routière et les forces de l’ordre rappellent les bons réflexes :
- noter la plaque du véhicule en fuite ;
- relever l’heure et le lieu précis ;
- observer le modèle et la couleur ;
- prévenir le propriétaire si possible ;
- contacter la police si l’accident est important.
Ces informations peuvent être déterminantes pour l’assurance ou pour un constat ultérieur.
Les “chocs sans mot” ne sont pas de simples incivilités : ils minent la confiance, alourdissent les coûts et fragilisent la vie collective. Sur un territoire aussi petit que la Nouvelle-Calédonie, où chacun finit presque toujours par connaître quelqu’un, la fuite après un accrochage n’a aucun sens, ni légal, ni moral.
Le civisme devrait être la règle, pas l’exception. À défaut, les témoins continueront, heureusement, de relever les plaques pour rappeler que la route n’est pas un espace d’impunité.














