Je me réveille avec des sujets de bac philo qui tournent en boucle : « A-t-on à se libérer du passé ? »
En Calédonie, on n’a pas fini d’y réfléchir. Surtout quand 1 800 élèves planchent pendant 4 heures pendant que le pays, lui, hésite toujours entre mémoire et avenir.
Je traverse la matinée entre des lycéens qui sortent du lycée Lapérouse en mode « j’ai géré » et d’autres en mode « on verra bien ». La philo rappelle une vérité simple : ce n’est pas parce que tu as appris ton cours que tu sais penser. Il faut analyser, argumenter, accepter que plusieurs réponses coexistent. Bref, tout ce qui manque souvent au débat public.
Pendant ce temps, Le Froid prépare sa résurrection à Païta. Après l’incendie de mai 2024, on parle d’une usine à 9 milliards au lieu de 14. Pas une usine au rabais, promet Christophe Bada, mais un site plus économe en énergie, en eau, en matières premières. On reconstruit plus optimisé parce qu’on n’a plus le luxe de gaspiller. Et parce que les assurances ne couvriront qu’une petite partie de la casse, il faudra compter sur la défiscalisation et la patience.
Dans les assises, la justice déroule son calendrier : un neveu ivre, un vieux conflit coutumier et foncier, une balle dans le thorax, 25 ans requis et la question qui flotte : comment on en arrive là, un matin, avec une carabine au lieu d’une discussion ?
Au-dessus de tout ça, l’État déploie son jargon : jumeau numérique, stratégie de reconstruction, séminaire au centre Tjibaou. Sur le papier, ça promet des décisions plus rationnelles, des chantiers mieux suivis, moins d’argent cramé dans des projets qui changent au gré des majorités. On verra si le logiciel suit la réalité ou l’inverse.
Heureusement, il reste la jeunesse pour apporter un peu d’air. Au collège de Tuband, le JSD transforme les SIG en jeux, drones, cartes interactives, IA qui reconnaît des photos. À Dumbéa, on parle droits de l’enfant, écrans, boissons sucrées et bracelets de l’amitié. Les gamins retiennent que trop d’écran flingue le cerveau le matin. On aimerait que certains adultes fassent le même constat devant leurs fils d’actu.
En métropole, le sondage sur la radicalisation des musulmans de France fait monter la température politique, Boualem Sansal devient symbole de dégel franco-algérien, Macron compare la lutte contre le narco-trafic à celle contre le terrorisme et rappelle que celui qui consomme n’est pas innocent dans l’histoire.
Sur les terrains, la France se fait sortir en Coupe Davis, les U17 quittent la Coupe du monde aux tirs au but, mais l’AS PTT reste invaincue aux Océania, solide en futsal, encore en course pour la finale. Comme si le sport, lui, savait encore tenir une ligne : travail, efforts, résultats.
Je me couche avec une question de philo en tête : faut-il se libérer du passé ou enfin en faire quelque chose d’utile ?
Bref.














