La violence faite aux femmes n’est pas un concept abstrait mais une réalité brutale qui frappe la Nouvelle-Calédonie avec une intensité hors norme.
Face à ce fléau, l’État et les institutions locales affichent une ligne claire : autorité, protection et responsabilité.
Un territoire frappé de plein fouet, une réponse d’État assumée
À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, Jacques Billant, haut-commissaire de la République, Isabelle Champmoreau, membre du gouvernement, et Yves Dupas, procureur de la République, ont présenté le bilan du Grenelle calédonien contre les violences conjugales et intrafamiliales.
Le constat est sans détour : la Nouvelle-Calédonie affiche les chiffres les plus élevés du territoire national.
Dès 2003, une enquête de l’INSERM révélait une situation déjà alarmante : 1 femme sur 4 victime d’agression physique ou sexuelle, 22 % confrontées à des brutalités physiques, 9 % victimes de viol ou de tentative de viol, 1 femme sur 8 agressée avant 15 ans.
En 2019, le territoire enregistrait 3,8 faits de violences conjugales judiciarisées pour 1 000 habitants, contre 1,6 en métropole.
Les violences faites aux femmes y sont six fois plus fréquentes que dans l’Hexagone, une réalité qui traverse toutes les communautés et menace la cohésion sociale.
Face à cette situation, l’exécutif calédonien a fait un choix politique clair : création en 2019 d’un secteur dédié à la lutte contre les violences intrafamiliales érigée en grande cause 2019-2024 puis élargissement en 2025 à la promotion de l’égalité femmes-hommes.
L’objectif affiché : ne plus subir, mais agir, avec une politique publique structurée, ferme et mesurable.
Gouvernance, prévention et terrain : le tournant du Grenelle calédonien
Lancé en septembre 2019, le Grenelle calédonien a marqué un moment de rupture. Plus de 120 représentants institutionnels, coutumiers, associatifs et économiques ont signé une charte commune, scellant une mobilisation collective sans précédent.
Les ateliers de travail ont permis de bâtir une réponse adaptée aux réalités locales : protection des victimes, éviction des auteurs, prévention ciblée et gouvernance renforcée.
Trois piliers ont structuré cette gouvernance : pilotage stratégique partagé, coordination partenariale et production de données fiables.
L’enquête CVS 2021 de l’ISEE a fourni une photographie précise des violences : 1 adulte sur 8 concerné, 9 victimes sur 10 des femmes, et une sphère privée devenue le principal lieu d’agression.
Contrairement aux discours déresponsabilisants, le Grenelle désigne clairement les facteurs aggravants : alcool et drogue sont omniprésents dans près de 90 % des affaires jugées.
La prévention passe aussi par l’information : diffusion du Violentomètre, création du site violences-conjugales.gouv.nc, déploiement des Pockets VIF en 50 000 exemplaires, et dispositif mobile Aller Vers sillonnant les communes.
Dans les établissements scolaires, le programme 3E – Éducation à l’Égalité à l’École structure une pédagogie de la responsabilité pour rompre la spirale dès la jeunesse.
La ligne est claire : prévenir sans complaisance, éduquer sans idéologie, protéger sans renoncer.
Autorité judiciaire, protection renforcée et responsabilisation des auteurs
Le Grenelle s’est traduit par une montée en puissance des moyens concrets : plus de 240 gendarmes formés, modules renforcés pour la police nationale, protocoles d’accueil spécialisés, développement des référents VIF.
Le déploiement du Téléphone Grave Danger et du Bracelet Anti-Rapprochement offre une protection immédiate aux victimes les plus exposées.
Un cadre légal renforcé permet désormais aux professionnels de santé d’alerter la justice en cas de danger immédiat.
La sanctuarisation des financements associatifs confirme une volonté politique constante malgré un contexte budgétaire tendu.
Dans le monde du travail, la loi du pays du 26 mai 2023 structure une égalité professionnelle concrète : lutte contre le sexisme, congé parental renforcé, protection des victimes.
La responsabilisation des employeurs s’impose, avec la nomination obligatoire de référents égalité et la mise en place de plans d’action pour les grandes entreprises.
Le message est sans ambiguïté : la violence n’est ni une fatalité culturelle ni une excuse sociale, mais une infraction qui appelle sanction et suivi.
La Nouvelle-Calédonie assume désormais une approche ferme : protéger les victimes, encadrer les auteurs, restaurer l’ordre social.
Le Grenelle calédonien illustre une politique de fermeté responsable, fondée sur les faits, la coordination et l’autorité républicaine.
Dans un territoire meurtri par la violence, la réponse est désormais claire : tolérance zéro, protection maximale et engagement durable au service des femmes et de la société tout entière.



















