Le dernier rapport de l’Institut d’émission d’outre-mer (IEOM) révèle une légère amélioration du climat des affaires au premier trimestre 2025, sans pour autant effacer les séquelles profondes laissées par les événements de 2024. L’économie locale peine à se relever du double choc des émeutes et de la crise du nickel.
Un redressement fragile
L’indice du climat des affaires montre un rebond de 5 points après le creux historique de 2024, mais reste à un niveau préoccupant.
Cette légère progression ne doit pas masquer la réalité : 30% des chefs d’entreprise redoutent une fermeture avant fin 2025, souligne un économiste.
Les chiffres clés :
– 7 000 personnes toujours au chômage total ou partiel
– Baisse de 14% des transactions bancaires au T1 2025
– Triplement des dossiers de surendettement sur un an
Secteurs en tension
Consommation
L’inflation annuelle atteint +1,8%, avec des pics à +5,3% pour l’alimentation.
Les familles réduisent drastiquement leurs dépenses, constate Nathalie, directrice d’une grande surface à Nouméa.
Automobile
Le marché du neuf progresse de 13,8% sur le trimestre mais reste 46,9% sous son niveau de 2024.
L’occasion stagne, signe que le pouvoir d’achat ne suit pas, analyse un concessionnaire.
Nickel
La production minière augmente de 19% sur trois mois, mais accuse un recul annuel de 24%. L’usine du Sud reprend progressivement son activité (+48% trimestriel), bien que la production annuelle de ferronickel et NHC chute de 37%.
Tourisme : des signes contrastés
Le secteur enregistre :
– +109% de croisiéristes (toujours -14,6% vs 2024)
– -62,5% de touristes aériens par rapport à 2024
– -51,5% de passagers domestiques
Les voyageurs internationaux restent rares, mais les Calédoniens recommencent à voyager (+37,9% sur le trimestre), nuance le rapport.
BTP : le secteur le plus touché
Avec une chute de 48,7% des ventes de ciment sur un an, le bâtiment vit sa pire crise.
Les chantiers publics peinent à redémarrer et le privé est au point mort, déplore un entrepreneur local.
L’IEOM souligne la dépendance persistante aux aides métropolitaines. « La reprise est là, mais trop lente et inégale« , résume son directeur régional, avant d’ajouter : « Les prochains trimestres seront déterminants pour savoir si cette embellie précaire se confirme.«
Évolution clé T1 2025
→ Prix alimentation : +2,2%
→ Production nickel : +19% (mais -24% annuel)
→ Chômage partiel : 7 000 bénéficiaires
→ Croisiéristes : +109% (base faible)
Ce bilan en demi-teinte illustre les défis que doit encore relever l’économie calédonienne, entre espoirs de reprise et réalité d’une crise persistante.