6 juin 2025. Une date à marquer d’une pierre blanche pour les réseaux calédoniens : les géants du porno en ligne Pornhub, YouPorn et RedTube sont devenus inaccessibles sur l’ensemble du territoire. Une décision radicale… mais qui ne vient pas du gouvernement. Ce sont les éditeurs eux-mêmes – en l’occurrence le groupe canadien Aylo – qui ont décidé de bloquer l’accès à leurs sites pour protester contre la loi française imposant une vérification stricte de l’âge des utilisateurs.
Une rupture numérique brutale, mais nécessaire ?
La loi française vise à protéger les mineurs face à un contenu désormais omniprésent. Car il ne s’agit plus d’un tabou marginal : la pornographie est devenue l’un des piliers du web, jusqu’à parfois engendrer de véritables formes d’addiction.
On parle de gamins de 10 ou 11 ans qui tombent, parfois sans le chercher, sur des vidéos explicites. Ce n’est plus soutenable,
commente un professionnel de santé.
La coupure de ces sites phares agit donc comme un électrochoc salutaire pour certains observateurs, même si elle crée un vide immédiat pour une partie des internautes.
Un vide numérique… et des réactions parfois ubuesques
En Nouvelle-Calédonie, les sites pornographiques figuraient parmi les plus consultés, juste derrière Netflix et YouTube, selon un responsable d’un fournisseur d’accès local. Le blocage a été instantanément visible dans les flux de bande passante. Dans les heures qui ont suivi, des appels pour le moins inhabituels ont été enregistrés dans certains sex-shops de Nouméa, où des clients décontenancés cherchaient des « alternatives ». Mais sur internet, le vide n’existe pas longtemps.
Le porno ne disparaît pas, il migre
Xvideos et xHamster n’ont pas souhaité rejoindre le mouvement de Aylo et fermer leurs sites. Ces derniers, ont vu leur trafic calédonien doubler en 24 heures, selon des sources du secteur numérique.
Le trafic vers xHamster a explosé dès les premières heures du blocage,
confie un technicien local.
Une loi française, un rappel de souveraineté numérique
Derrière cette affaire, un message politique clair : la Nouvelle-Calédonie reste, en matière de régulation numérique, soumise au droit français. Le blocage actuel résulte certes d’un choix d’entreprise, mais il découle d’un cadre législatif national appliqué jusqu’à 16 000 kilomètres de Paris.
Pour certains, c’est une piqûre de rappel bienvenue dans un contexte où la souveraineté numérique et la protection des jeunes doivent primer sur les logiques commerciales ou libertaires.
Une addiction silencieuse, une prise de conscience urgente
Il ne s’agit pas ici de diaboliser : la pornographie est aujourd’hui un phénomène culturel et économique, mais elle peut devenir une dépendance, particulièrement chez les adolescents et les publics les plus vulnérables. C’est en ce sens que la régulation, le filtrage et l’encadrement parental doivent devenir des priorités claires, sous peine de voir une génération grandir avec des repères complètement faussés.