Sous perfusion américaine : la réalité économique du COFA
Dans les États fédérés de Micronésie, l’apparente tranquillité des lagons cache une économie sous assistance respiratoire. Grâce au COFA (Compact of Free Association), Washington injecte des millions pour financer santé, éducation et salaires publics. Mais ce modèle, selon le Dr Samuel Brazys, ancien conseiller économique du pays, a créé un système artificiellement stable, sans véritable moteur interne. Résultat : peu d’emplois durables, une dépendance croissante aux importations, et un secteur privé atrophié.
Le COFA agit comme une béquille économique : il empêche l’effondrement mais freine aussi la croissance organique. Les emplois publics abondent, mais sans création de richesse réelle. Dans ce contexte, l’émigration devient une échappatoire logique. La COFA autorise en effet les Micronésiens à vivre aux États-Unis sans visa, drainant ainsi les talents locaux. L’économie tourne en boucle : subventions, consommation, fuite des cerveaux.
Tourisme, agriculture, aquaculture : des potentiels sous contraintes
La Micronésie regorge de richesses naturelles. Paysages paradisiaques, récifs intacts, culture millénaire… tout y est pour un tourisme haut de gamme. Sauf que les obstacles logistiques sont majeurs : une seule compagnie aérienne dessert l’archipel, avec des prix prohibitifs. De quoi décourager les touristes et bloquer l’essor d’un secteur pourtant stratégique.
Côté agriculture et aquaculture, le potentiel est là aussi. Le pays cultive du taro, de la noix de coco, de l’arbre à pain ou encore du poivre noir. Mais l’éloignement des marchés, l’éclatement géographique des îles, et la petite taille démographique rendent difficile toute montée en puissance. La fragmentation administrative des États de la fédération complique encore les efforts de coordination, freinant les investissements.
Réformes, espoirs et volontés locales
Malgré cette dépendance chronique, l’élan vers l’autonomie économique existe. Pour le Dr Brazys, « beaucoup au sein du gouvernement et du secteur privé veulent faire évoluer les choses ». Cela passe par un investissement ciblé, un renforcement des capacités locales, et une meilleure transmission des savoirs technologiques par les partenaires internationaux.
Le COFA n’est donc ni une solution miracle, ni un poison lent. Il est un filet de sécurité, utile contre l’extrême pauvreté, mais insuffisant pour bâtir une économie robuste. La clé ? Réformer en profondeur, investir dans les secteurs porteurs comme le tourisme ou l’aquaculture, et surtout, créer un climat propice à l’entrepreneuriat local. Un chantier titanesque, mais pas impossible.