Le président de l’Union Calédonienne appelle à l’apaisement, à la stabilité économique et à la clarté politique dans un contexte toujours tendu
Emmanuel Tjibaou, député et président de l’Union Calédonienne, livre un message à la fois prudent et déterminé. Entre le retour de Christian Téin dans le débat politique, les incertitudes sur l’avenir institutionnel et l’urgence économique, il appelle l’État à plus de cohérence, et la société calédonienne à un chemin de réconciliation ancré dans la vérité.
Libération de Christian Téin : « Un signe d’apaisement, mais l’instruction continue »
Interrogé sur la libération sous contrôle judiciaire de Christian Téin après un an de détention provisoire, Emmanuel Tjibaou y voit un premier signe de justice rétablie.
Trois juges se sont prononcés pour sa libération. C’est un signe d’apaisement, car beaucoup avaient jugé trop vite après le 13 mai.
Mais il prévient : la prudence reste de mise, l’instruction n’étant pas close. Il rappelle que le FLNKS demande que son président soit présent à la table des négociations, sans en faire une condition formelle pour l’instant.
Un flou persistant sur les intentions de l’État
À propos de la réunion annoncée par Emmanuel Macron, E. Tjibaou se montre sceptique. Selon lui, aucun cadre clair n’a été transmis au FLNKS depuis les déclarations faites au Vietnam ou à la conférence « Les Océans » à Nice.
Pour l’instant, on a des annonces, pas de contenu. Pas de format. Pas d’objet.
Même confusion autour du « projet nouveau » que l’État promet pour la Nouvelle-Calédonie. L’élu déplore une accumulation de méthodes et de gouvernements différents, sans cohérence ni continuité.
À chaque fois, on change de format, on perd tout le monde. Il faut stabiliser les discussions.
L’indépendance-association reste la base de discussion
E. Tjibaou confirme que le projet d’indépendance-association présenté à Deva reste pour l’UC et le FLNKS le socle sur lequel engager les discussions avec Paris, malgré l’attente d’une contre-proposition officielle.
Une priorité : la stabilité économique
Face aux crises à répétition, Emmanuel Tjibaou place l’économie au cœur de ses priorités immédiates. Il évoque des démarches entamées avec l’AFD (Agence française de développement), mais aussi la nécessité de restaurer la confiance des partenaires.
On ne peut pas parler relance sans stabilité. Et sans accord institutionnel, il n’y a pas de sérénité possible.
Il avertit également contre les risques de chute du gouvernement national suite aux motions de censure, qui menaceraient de paralyser les avancées en Outre-mer.
Réconciliation et pardon : oui, mais à condition de vérité
L’élu indépendantiste insiste sur la nécessité d’un chemin de réconciliation réel, notamment avec la jeunesse, secouée depuis le 13 mai.
La réconciliation n’a de sens que si elle passe par la vérité.
Il salue la résilience de la société Kanak, capable de pardon, mais prévient : « On ne peut pas se réconcilier en niant les responsabilités. »
L’indépendance financière, un objectif encore lointain
E. Tjibaou reconnaît que la Nouvelle-Calédonie ne peut actuellement être autonome financièrement, mais affirme que c’est l’objet même des négociations : stabiliser les comptes, réformer, et construire une trajectoire vers une indépendance viable.