La Nouvelle-Calédonie rêve grand… mais doit convaincre. Candidate pour accueillir le Festival des arts du Pacifique en 2028, la Nouvelle-Calédonie affiche une ambition culturelle forte. Mais entre volontarisme politique et réalités du terrain, le défi est de taille.
Une candidature ambitieuse… portée par un territoire en reconstruction
En 2023, la Nouvelle-Calédonie s’est portée candidate pour accueillir la 14ᵉ édition du Festival des arts du Pacifique (FESTPAC). L’événement, l’un des plus importants du monde océanien, promet une visibilité internationale et un élan culturel considérable. Sur le papier, tout y est : volonté politique, soutien institutionnel, et mobilisation de la société civile.
Mais la démarche pose aussi question. Le territoire, encore marqué par les tensions politiques récentes, est-il prêt à assumer l’organisation logistique, sécuritaire et symbolique d’un tel rendez-vous ? La coordination avec la Communauté du Pacifique (CPS) et le groupe de travail régional WG FESTPAC est en cours, certes, mais encore à ses débuts concrets. Deux structures ont été créées : COPIL et COTECH.
Culture et reconstruction : un levier sincère ou une vitrine ?
Pour Mickaël Forrest, membre du gouvernement chargé de la culture, le projet est fondamental. Il voit dans le FESTPAC un remède aux blessures du territoire.
« La culture s’est positionnée en tant qu’alicament. Un aliment et un médicament des maux et des mots. Elle a été et reste le repère de l’identité », affirme-t-il.
Un message fort, mais qui peut paraître un peu incantatoire face aux urgences sociales, économiques et institutionnelles que traverse la Nouvelle-Calédonie. L’intention est noble, mais le risque de réduire la culture à un outil politique est bien réel. Le FESTPAC pourrait devenir un levier de cohésion… ou un miroir aux alouettes s’il est mal préparé ou mal compris localement.
Une visite d’évaluation encourageante, mais une décision encore incertaine
Du 10 au 13 juin 2025, une délégation du groupe WG FESTPAC a visité le territoire pour évaluer sa capacité d’accueil : sites, hébergement, sécurité, transports, programme artistique… tous les paramètres ont été scrutés. Le COPIL du 11 juin, organisé à la CPS, a permis d’échanger sur les points forts et les failles du dossier calédonien.
Pour l’instant, rien n’est tranché. La Nouvelle-Calédonie fait face à la concurrence d’autres territoires, peut-être plus stables ou mieux équipés. La décision finale est attendue d’ici août 2025. Jusque-là, le territoire devra convaincre non seulement sur la forme, mais aussi sur le fond : sa capacité à mobiliser ses forces vives sans instrumentaliser la culture.
La Nouvelle-Calédonie espère accueillir le Festival des arts du Pacifique en 2028, mais au-delà des slogans, il lui faudra prouver qu’elle peut conjuguer ambition culturelle, organisation rigoureuse et climat apaisé. Le compte à rebours est lancé… et la réussite, loin d’être acquise.