Un missile balistique intercontinental chinois, potentiellement capable de transporter une ogive nucléaire, s’est abîmé en septembre 2024 dans l’océan Pacifique, non loin de la Polynésie française. Si Pékin a présenté ce lancement comme un « exercice de routine », des documents confidentiels néo-zélandais, obtenus par l’AFP, révèlent l’inquiétude grandissante des diplomaties régionales.
La Chine minimise un tir sans précédent depuis 40 ans
Dans des notes internes adressées au ministre des Affaires étrangères Winston Peters, des diplomates néo-zélandais expriment leur malaise : « Ce n’est pas un tir de routine », affirment-ils. Selon eux, la Chine n’avait pas mené d’essai de missile longue portée depuis plus de quatre décennies, ce qui rend cet événement particulièrement significatif.
L’essai de septembre 2024, effectué sans annonce publique aux États du Pacifique, a déclenché une série de réactions officielles dans la région. Le missile, probablement un Dong Feng-31, aurait été équipé d’une ogive factice et aurait terminé sa trajectoire dans une zone normalement exempte d’armes nucléaires selon les traités internationaux.
Le Pacifique Sud sur le qui-vive
La Nouvelle-Zélande, l’Australie, le Japon, les Fidji et même les Kiribati — pays généralement proches de la Chine — ont exprimé leur préoccupation ou condamné la manœuvre. Aucune alerte préalable n’a été adressée aux nations insulaires, malgré des notifications vagues transmises aux États-Unis, au Royaume-Uni, à la France et à l’Australie.
Cette démonstration de puissance militaire survient dans un contexte de tension croissante entre Pékin et Washington, notamment autour du détroit de Taïwan. Pour le chercheur Hui Zhang de l’Université Harvard, ce tir s’inscrit dans une logique de dissuasion nucléaire assumée. D’autres analystes y voient une volonté d’affirmer la présence militaire chinoise dans une région historiquement dominée par les puissances occidentales.
Une dissuasion nucléaire en pleine expansion
Le tir de missile chinois dans le Pacifique Sud représente une rupture majeure avec la doctrine d’essais militaires limités au territoire chinois. Depuis 1980, tous les essais de missiles balistiques chinois (ICBM) s’étaient déroulés à l’intérieur du pays, rappelle le politologue Nicholas Khoo. La Chine cherche ainsi à redéfinir les équilibres géopolitiques, en imposant sa capacité à frapper loin et fort.
L’armée chinoise semble désormais vouloir démontrer au monde sa crédibilité nucléaire opérationnelle. Cela pourrait modifier en profondeur les perceptions des forces régionales et renforcer les appels à un encadrement plus strict des essais militaires dans le Pacifique.