On croyait ces chiffres révolus. En 2024, la Nouvelle-Calédonie retombe brutalement au niveau d’emploi salarié… de 2007. La cause ? Une double onde de choc : d’un côté, la crise du nickel, de l’autre, les émeutes indépendantistes de mai, qui ont mis à genoux une économie déjà fragile. Résultat : 11 000 emplois détruits, tous secteurs confondus, en seulement neuf mois. Une chute historique, digne d’une récession sévère.
Émeutes de mai : la déflagration sociale devient un séisme économique
Tout bascule en mai 2024. Au cœur du conflit : le projet de réforme constitutionnelle et la fin du gel du corps électoral. En réaction, la CCAT orchestre une série de violences coordonnées, paralysant le territoire : routes bloquées, commerces incendiés, entreprises pillées. En quelques jours, l’économie calédonienne est à l’arrêt.
14 morts, des centaines d’entreprises détruites, des milliers d’emplois volatilisés. Le climat d’insécurité dissuade les embauches, l’activité s’effondre, la consommation aussi. Les entreprises tentent de tenir à flot grâce au chômage partiel, mais la perfusion est trop courte.
Le seuil des 60 000 salariés est franchi à la baisse, un chiffre qu’on n’avait plus vu… depuis 2010. Et sur l’année, 35 % des salariés privés ont été indemnisés au moins une fois.
Tous les secteurs touchés : de la mine à l’hôpital, un carnage silencieux
L’industrie paie le prix fort. Avec la fermeture de KNS et les difficultés des deux autres opérateurs, la métallurgie perd 1 600 emplois, et l’extractif 900. Au total, l’industrie recule de 4 000 postes, soit un quart de ses effectifs.
Le commerce subit lui aussi un choc majeur. Supermarchés incendiés, stations-services inaccessibles, ruptures d’approvisionnement… 1 700 emplois supprimés. Dans l’hôtellerie-restauration, malgré quelques hôtels réquisitionnés par l’État, près de 800 postes disparaissent.
Mais le plus inquiétant reste le secteur de la santé : 560 postes en moins, dont 450 dans les hôpitaux. Non pas en raison des violences, mais d’une incapacité chronique à recruter. Résultat : un système de soin affaibli, au moment où la population en a le plus besoin.
Économie en panne, entreprises à bout, climat des affaires délabré
L’économie calédonienne est exsangue. Le climat des affaires reste dégradé (ICA à 77,9), et le nombre d’employeurs recule de 13,2 % sur un an. Le tissu entrepreneurial se délite : malgré une légère reprise des créations d’entreprise, le solde reste négatif.
Dans le bâtiment, la catastrophe est silencieuse mais massive : 1 600 emplois supprimés, retour à un niveau jamais vu depuis 1997. Même l’agriculture, pourtant promue pilier de la résilience, perd 170 emplois, avec des reculs majeurs dans l’élevage et les cultures maraîchères.
Malgré les efforts de soutien (chômage partiel élargi, aides d’urgence), la mécanique s’est enrayée. Et les embauches ne redémarrent pas.
2024 restera dans l’histoire sociale calédonienne comme une année noire. Une explosion de violence politique a ravagé les fondations économiques d’un territoire déjà sous tension. L’emploi s’est effondré comme en pleine crise mondiale. Le plus préoccupant ? La confiance est brisée. Et sans confiance, pas de relance.