L’IA générative est devenue un outil incontournable pour les élèves, mais ses effets secondaires inquiètent. À l’heure où les résultats scolaires ne reflètent plus les compétences réelles, l’éducation doit se réinventer. Éduquer à l’IA plutôt que la fuir : c’est désormais un enjeu éthique, pédagogique et politique.
Genèse d’un assistant omniprésent
Les élèves reconnaissent un usage quasi quotidien de l’IA : génération de fiches de révision, reformulation de notes, rédaction de dissertations. À La Seyne-sur-Mer, une élève de Terminale affirme que ses résultats ont gagné « plusieurs points » grâce à ChatGPT. Même constat à l’université : des étudiants en droit utilisent ChatGPT ou Perplexity pour structurer leurs travaux en deux fois moins de temps. Gain de temps, efficacité, clarté : l’IA devient un assistant personnel incontournable.
Entre dépendance, paresse et perte d’autonomie
« On fait moins d’efforts », reconnaît un élève de seconde. Beaucoup soulignent une forme d’addiction scolaire : « C’est difficile de s’en passer. » L’usage excessif modifie l’apprentissage : les élèves retiennent moins bien, perdent le goût de l’effort et délèguent la réflexion. Une distorsion s’installe entre les compétences réelles et les devoirs rendus.
Une nouvelle inégalité scolaire
La généralisation de l’IA aggrave les inégalités. Certains élèves trichent discrètement pendant les devoirs ou préparent leurs oraux uniquement avec ChatGPT. Les professeurs, démunis face au phénomène, peinent à déceler les textes générés. Une étudiante en khâgne dénonce « des notes équivalentes pour des efforts inégaux. » L’encadrement, mal outillé, laisse parfois faire.
Des usages encore mal encadrés
Les outils de détection comme Compileo ou Examino sont jugés peu fiables. Les enseignants adaptent leurs méthodes : oraux fréquents, exercices contextualisés… Mais la réglementation éducative est en retard. Un rapport sénatorial de 2024 indique que 83 % des 18-21 ans utilisent l’IA dans leurs études. Selon le professeur Grégoire Borst (Université Paris Cité), les élèves confondent souvent IA et moteur de recherche, ignorant son fonctionnement probabiliste.
Réformer l’éducation à l’ère numérique
Des experts comme ceux de Framablog ou Didier Delignières estiment qu’il faut former à l’IA plutôt que l’interdire. Le développement de la pensée critique devient essentiel. L’UNESCO recommande de favoriser la compréhension du fonctionnement des IA génératives. Dans les classes, le débat est vif : accompagner ou interdire ?