En mai 2025, l’inflation ralentit officiellement à +1,6 % sur un an. Mais pour les ménages modestes, elle explose à +3,1 %.
L’énergie recule enfin, mais pas l’inquiétude
C’est la seule bonne nouvelle du mois : le prix des carburants baisse de manière significative. -3,9 % pour l’essence, -4,7 % pour le gazole. À la pompe, les prix tombent à 160,5 F/L pour l’essence et 141,9 F/L pour le gazole, une chute qui ramène un peu d’air aux automobilistes calédoniens. Globalement, les prix de l’énergie reculent de 2,1 %, après une hausse de 0,8 % en avril.
Mais ne vous y trompez pas : le gaz, l’électricité et le charbon n’ont pas bougé d’un centime. Et sur un an, la tendance reste haussière : +0,8 % pour l’énergie.
Autrement dit, le gain est ponctuel, pas structurel. Et il ne suffit pas à compenser la flambée sur d’autres postes clés.
Alimentation : le panier du quotidien toujours plus cher
Sur le front alimentaire, l’inflation continue sa progression. En mai, les prix grimpent de 0,3 %, après déjà +0,1 % en avril. En cause ? Une explosion du prix des légumes : +2,7 % en un mois, +9,7 % en un an. Le poisson remonte aussi (+1,3 %), tout comme les céréales et produits de boulangerie.
Certains produits reculent : viande -0,4 %, huiles -1 %, produits laitiers -0,6 %, mais l’effet est minime. Sur un an, l’alimentation augmente de 5,9 %, un chiffre bien supérieur à l’indice général.
Et c’est encore pire chez les plus modestes. Dans leur budget, l’alimentation pèse plus lourd, et le moindre centime d’augmentation frappe de plein fouet. Résultat : +5,7 % d’inflation alimentaire pour les foyers modestes.
Pendant ce temps, les prix des produits manufacturés (vêtements, électroménager, mobilier) reculent légèrement de 0,3 %, mais c’est surtout parce que les gens n’achètent plus. Une économie ralentie, pas forcément plus saine.
Les plus pauvres paient (beaucoup) plus cher
Voici la réalité brute : l’indice général des prix recule de 0,2 % en mai. Mais chez les 20 % de ménages les plus modestes, la baisse est plus forte : -0,3 % sur le mois. Bonne nouvelle ? Pas vraiment.
Sur douze mois, l’inflation cumulée est de 1,6 % pour l’ensemble des Calédoniens, mais elle atteint 3,1 % pour les foyers les plus pauvres. Et sans les carburants, la hausse serait encore plus forte. En particulier, l’indice hors tabac hors loyer bondit de 4 % pour les ménages modestes, contre 2 % pour la moyenne générale.
Le tabac ? Stable. Les services ? En légère baisse (-0,1 %) grâce à la chute du transport aérien (-1,2 %), mais compensée par les hausses sur l’hôtellerie et les voyages à forfait. Bref, ça se tasse d’un côté, ça gonfle de l’autre.
La conséquence est claire : l’indice des prix officiel masque une fracture sociale grandissante. Car derrière les moyennes, ce sont les habitudes de consommation réelles – et très inégales – qui déterminent la pression ressentie par les familles.
Le calme apparent cache une tempête silencieuse.
Quand l’énergie baisse, on respire. Mais quand l’alimentation flambe, les fins de mois se compliquent.
Et ce sont toujours les mêmes qui encaissent.