À Nouméa, une opération inédite veut aider les transporteurs non déclarés à se mettre en règle et à intégrer l’économie formelle. À la F.O.L, s’est tenue une initiative à fort potentiel social : un job dating entièrement dédié au secteur du transport, organisé par l’ADIE (Association pour le droit à l’initiative économique). Cette action visait à régulariser les nombreux chauffeurs opérant en marge du système administratif, en leur proposant un accompagnement adapté et des perspectives concrètes de structuration.
Une activité informelle qui comble un vide
Dans un contexte de carence chronique en transports en commun, notamment dans les quartiers périphériques ou les zones enclavées, de nombreux Calédoniens se sont tournés vers des solutions de transport improvisées, souvent à titre individuel et non déclaré. Ces chauffeurs informels répondent à un besoin évident du quotidien : pallier l’absence d’un réseau structuré.
Ils constituent une forme de service public parallèle, mais sans cadre légal ni protection sociale. Leur présence illustre une réalité que l’on ne peut plus ignorer : le système actuel est défaillant, et l’économie de terrain s’organise pour compenser.
Accompagner la transition vers l’activité légale
Le job dating a permis de mettre en relation ces acteurs de l’ombre avec des structures capables de les accompagner, tant sur les plans juridique, administratif que financier. L’objectif n’était pas d’imposer un modèle standardisé, mais de proposer un parcours vers la formalisation, accessible et progressif.
Des partenaires présents ont pu proposer des outils concrets : création d’entreprise simplifiée, accès au microcrédit, aide à la gestion, formation à la sécurité, etc. L’idée étant de transformer une activité tolérée mais invisible en activité reconnue, viable et encadrée.
Ce processus permettrait à ces chauffeurs de bénéficier d’un revenu régulier, de droits sociaux, et de sécuriser leur statut.
Un levier pour l’économie calédonienne
Le développement de petites structures de transport locales pourrait représenter un atout majeur pour l’économie calédonienne, à condition qu’il soit accompagné intelligemment. En structurant ce secteur, il serait possible de réduire la précarité, d’offrir des services de mobilité adaptés aux réalités du territoire, et de créer des micro-entreprises locales solides.
Ce modèle est d’autant plus pertinent dans un contexte où les besoins en mobilité sont criants, et où une partie croissante de la population reste isolée. En intégrant ces acteurs, la Nouvelle-Calédonie pourrait à la fois soutenir l’emploi local et améliorer son offre de transport.
Une réponse locale à une faille structurelle
Cette opération de job dating marque une première étape vers une reconnaissance institutionnelle de pratiques de terrain longtemps ignorées. Elle repose sur un constat simple : on ne peut pas continuer à faire comme si ces activités n’existaient pas. Au contraire, il faut leur donner un cadre, des outils et une légitimité.
Formaliser sans briser, structurer sans exclure : tel est le défi posé à la puissance publique. Si les acteurs institutionnels poursuivent cet engagement, un pan entier de l’économie calédonienne pourrait sortir de l’ombre et contribuer à bâtir un modèle plus souple, plus inclusif et plus réaliste.