Selon nos informations, les acomptes pour deux Airbus A350-900 auraient été bouclés. Sans vote, sans annonce publique. Une opacité pointée du doigt.
A350 : Aircalin avance à pas feutrés sur le renouvellement de sa flotte
Aircalin s’apprête à franchir un cap majeur dans son programme de modernisation long-courrier. D’après nos sources, la compagnie aurait bouclé le financement anticipé des acomptes (PDP) pour deux appareils Airbus A350-900, en partenariat avec Jackson Square Aviation.
Ce mécanisme financier, habituel dans le secteur aérien, permet de verser des avances à l’avionneur avant la livraison finale. Il s’agit d’une étape indispensable pour garantir la production des appareils, prévue ici pour une entrée en service en 2026.
Les deux A350-900 sont destinés à remplacer les A330neo, et à assurer notamment la liaison Nouméa–Paris via Bangkok, avec des performances accrues et une réduction significative de l’empreinte carbone.
Mais à ce stade, aucune communication officielle de la compagnie n’a été faite. Et surtout, aucun débat public ni vote en Congrès n’a validé la stratégie de renouvellement de flotte.
“Aucune décision n’a été soumise au Congrès” dénonce Brieuc Frogier
Sollicité par La Dépêche, Brieuc Frogier confirme l’information, tout en posant une question politique lourde de sens :
Oui, c’est vrai. Ce sont les acomptes qui sont bouclés. Pas le financement global. Mais la chose la plus importante, c’est toujours qu’aucune décision n’a été soumise au Congrès, ni sur la stratégie, ni sur le renouvellement de la flotte. Alors que le rapport de la Chambre territoriale est très clair : seul le Congrès peut prendre ces décisions. Tout est opaque. Aucune transparence sur ce qui se fait.
Un constat qui ravive les critiques sur la gouvernance d’Aircalin, déjà épinglée pour son manque de transparence dans plusieurs rapports publics. Car derrière un choix technique se cache une décision budgétaire et stratégique majeure, engageant potentiellement l’endettement du territoire.
Un saut technologique… mais un flou démocratique
Sur le fond, le choix des A350-900 semble logique : moins gourmands, plus performants, plus confortables. Ils représentent ce qui se fait de mieux pour assurer les liaisons intercontinentales.
Mais sur la forme, l’absence de communication officielle et de validation politique interroge. À ce jour, le Congrès n’a pas été saisi. Et le financement global, à plusieurs dizaines de millions d’euros, reste flou.
La Chambre territoriale des comptes avait pourtant alerté sur la nécessité de renforcer la transparence et le contrôle démocratique sur les décisions stratégiques d’Aircalin.
En Calédonie, le ciel peut coûter très cher. Encore plus quand il se remplit sans que personne ne sache qui pilote vraiment.