À Nouméa, la Police nationale va à la rencontre des collégiens pour prévenir harcèlement et dérives numériques.
Protéger les jeunes, ça commence en classe
À Nouméa, la prévention ne se limite plus aux affiches ou aux discours ponctuels. La Police nationale déploie sur le terrain ses six Correspondants Police Sécurité de l’École (CPSE), véritables sentinelles dans les établissements scolaires. Leur objectif : créer un lien de confiance avec les jeunes, les écouter et surtout leur parler sans détour.
Depuis deux semaines, le collège de Portes de Fer accueille ces intervenants pour des sessions en classe, notamment auprès des 6e. L’enjeu est de taille : faire face aux violences scolaires, au harcèlement et aux dérives liées à l’usage massif des écrans et des réseaux sociaux.
On ne vient pas pour faire la morale, mais pour accompagner et responsabiliser
explique l’un des policiers présents lors d’un atelier interactif. Face à une génération ultra-connectée, l’approche directe et pédagogique s’impose. Les CPSE misent sur l’interaction : quiz, vidéos, études de cas, pour faire réagir les élèves et susciter des prises de conscience.
Un terrain miné : les réseaux sociaux et leurs pièges
Ce 30 juin, la Journée mondiale des réseaux sociaux donne un écho particulier à ces actions de prévention. Dans les classes, la parole est franche : il est question de cyberharcèlement, de diffusion d’images sans consentement, de fake news, et surtout de responsabilité numérique.
Il y a des élèves qui savent pirater un compte avant même d’avoir appris à coder
souffle un enseignant, mi-amusé, mi-inquiet. Les CPSE le constatent : les jeunes sont souvent plus à l’aise avec les outils numériques que les adultes, mais beaucoup plus vulnérables quant à leurs usages. C’est tout l’enjeu de ces interventions : non pas restreindre, mais éduquer.
Ce qu’on publie reste, ce qu’on partage peut blesser. Notre message, c’est celui-là : réfléchissez avant de cliquer.
Dans les classes, les discussions sur TikTok, Snap, Insta ou les groupes WhatsApp sont intenses. Certains élèves racontent avoir été exclus de groupes, d’autres parlent de comptes anonymes qui les ont pris pour cible. Le malaise est réel, et souvent tu.
La prévention, un outil de proximité
Ce travail de terrain s’inscrit dans une politique de prévention élargie, menée en partenariat avec les chefs d’établissements, les infirmières scolaires, et parfois les familles. Les CPSE agissent comme des relais, mais aussi comme des repères pour les jeunes.
Ce qu’on veut, c’est qu’ils sachent qu’ils peuvent nous parler, nous alerter, même anonymement.
La dimension humaine est au cœur du dispositif : proximité, écoute, dialogue. Les élèves ne voient plus le policier comme une figure lointaine ou répressive, mais comme un acteur du quotidien, capable de comprendre leurs réalités.
Le harcèlement, c’est parfois des regards, des mots, des silences aussi. Si on ne les repère pas à temps, ils peuvent faire très mal
note une CPSE.
L’école, première ligne de défense
La présence policière dans les établissements n’est pas une intrusion, c’est une protection, affirment les encadrants du programme. Et cette approche semble porter ses fruits. Les établissements volontaires pour accueillir ces ateliers sont de plus en plus nombreux.
Dans un contexte post-émeutes où les tensions sociales ont laissé des traces jusque dans les cours de récréation, l’école devient un bouclier social, et ces interventions, une stratégie de consolidation.
Eduquer à la sécurité, c’est miser sur l’avenir
Harcèlement scolaire, pressions sociales, défis dangereux sur TikTok, surenchère de likes… les menaces qui pèsent sur la jeunesse n’ont plus rien d’abstrait. À Nouméa, le choix est clair : agir, maintenant, pour éviter l’irréparable.
Témoignage – Sophie, maman d’un élève de 6e :
Franchement, je suis rassurée. Mon fils est en sixième, et entre les jeux en ligne, les réseaux sociaux, les vidéos TikTok… on a beau parler à la maison, on sent qu’on perd un peu le contrôle. Quand il m’a raconté l’intervention des policiers à l’école, j’ai vu qu’il avait compris certaines choses. Il m’a dit lui-même : « Maman, maintenant je sais qu’il ne faut pas partager les photos des autres sans leur accord. » Rien que ça, pour moi, c’est énorme. On a besoin que des adultes extérieurs, neutres, leur parlent de ces sujets. Je pense que c’est mille fois plus utile que certains cours classiques.
La prévention n’est pas un luxe. C’est un investissement dans l’avenir, une réponse concrète à des fragilités bien réelles. La Police nationale, par cette démarche de terrain, fait œuvre utile : elle protège sans punir, elle encadre sans brider, et surtout, elle fait entendre aux jeunes une voix différente — celle de la vigilance et du respect.
Crédit photos : @Police nationale Nouvelle-Calédonie