Le rapport confidentiel de l’Assemblée nationale que La Dépêche s’est procuré révèle un glissement inquiétant : le spectre d’un nouvel embrasement est agité comme levier politique pour bloquer toute réforme.
“Si on doit revenir sur les routes, on reviendra” : quand la violence devient un argument politique
Dans ce document explosif que La Dépêche de Nouméa dévoile en exclusivité, les mots sont clairs, les intentions aussi. Les députés de la mission d’information alertent : un retour des violences est ouvertement envisagé, voire revendiqué, en cas de dégel du corps électoral.
Un passage du rapport dit tout :
Rouvrir le corps électoral pour les prochaines élections, ce n’est pas bon du tout. Si on doit revenir sur les routes, on reviendra.
(Hervé Tein-Taouva, CCAT Nord)
Plus loin, un membre du Sénat coutumier prévient :
À la prochaine insurrection, les jeunes seront armés. Cela peut éclater à tout moment.
Une posture reprise par le président des maires indépendantistes :
Il ne faut pas toucher au corps électoral, sinon un nouveau 13 mai peut arriver.
Le message est limpide : toute tentative de réforme sera interprétée comme une provocation. Et les conséquences sont déjà annoncées.
Une peur soigneusement entretenue… et tolérée
Ce qui frappe, dans le rapport, c’est la fréquence et la normalisation de ces discours menaçants. Le rapport ne cache pas sa stupéfaction : la violence n’est plus un risque accidentel, mais un outil assumé dans le débat institutionnel.
Et cela semble fonctionner. Le projet de dégel électoral a été suspendu, la réforme constitutionnelle retirée, les élections reportées. À chaque fois, sous la pression d’une menace implicite… ou explicite.
Le rapport parle de “radicalisation”, de “ressentiment”, de “cœurs et cerveaux brûlés”. Mais il pointe aussi l’absence de condamnation claire par certains responsables politiques. La CCAT est présentée comme “prête à se remobiliser”, et certains élus estiment que la stratégie de la tension a porté ses fruits.
La CCAT est un outil politique. On a été obligés de couper les routes pour se faire entendre.
La ligne rouge est franchie : menacer d’un nouveau 13 mai pour peser sur les urnes
Alors que les élections provinciales doivent se tenir au plus tard le 30 novembre 2025, le rapport met en garde : la peur est désormais instrumentalisée pour bloquer toute issue démocratique.
Le rapport conclut :
Le risque d’un nouvel embrasement est réel.
Mais ce n’est plus un simple risque. C’est une condition posée.
En clair : pas d’accord sur mesure ? Alors pas de paix.
Cette stratégie de l’intimidation inquiète les rapporteurs, qui redoutent une annulation juridique du scrutin… ou son sabotage politique. Et pendant ce temps, l’économie s’effondre, la population fuit, la société se déchire. Le rapport dénonce un blocage délibérément entretenu, où la peur des flammes devient le principal levier de négociation.
Accorder à la peur un pouvoir politique, c’est donner raison à la rue contre les urnes.