Un parfum de déjà-vu plane sur Bruxelles. Cinq ans après l’affaire des assistants parlementaires, le Rassemblement national est de nouveau épinglé par un rapport interne du Parlement européen, rendu public ce 3 juillet par un consortium de médias européens bien décidés à fragiliser la dynamique de l’union des droites. Ce document, encore confidentiel il y a quelques jours, pointe l’utilisation supposée irrégulière de plus de 4,3 millions d’euros de fonds européens entre 2019 et 2024 par le groupe Identité et Démocratie, dont le RN était l’un des piliers.
Des irrégularités ou une manœuvre bien ficelée ?
Sur le fond, le rapport évoque des « problèmes de conformité majeurs » dans la gestion de deux sociétés proches de Marine Le Pen, rappelant l’affaire des « kits de campagne ». Des marchés publics remportés par une agence de communication et une société d’impression, des dons jugés opaques à des associations locales, du favoritisme régional : tout y est pour relancer les soupçons. Plus de 700 000 euros auraient été distribués à des structures sans lien direct avec le mandat européen, jusqu’à financer la rénovation d’une église ou la stérilisation de chats errants.
Mais ces révélations, savamment orchestrées et reprises en boucle, tombent à point nommé pour ébranler un parti qui conforte, scrutin après scrutin, sa position de première force d’opposition. Difficile de ne pas y voir une nouvelle offensive, instrumentalisée pour freiner l’élan d’un électorat lassé de l’héritage macroniste.
Marine Le Pen fragilisée : le temps du passage de témoin ?
À la tête du RN depuis plus de dix ans, Marine Le Pen n’en est pas à sa première tempête judiciaire. Déjà condamnée en première instance dans l’affaire des assistants parlementaires, elle doit affronter aujourd’hui un préjudice estimé à plus de 4 millions d’euros. Or, ces casseroles récurrentes, qu’elles soient fondées ou non, deviennent un frein pour un parti qui aspire à gouverner.
Dans les rangs nationalistes, beaucoup estiment qu’il est temps de tourner la page pour préparer l’alternance de 2027. Jordan Bardella, figure montante, jeune et sans passif, incarne une relève plus difficile à atteindre par les coups tordus du système. Plus qu’un simple changement de visage, ce serait le signal qu’une nouvelle génération prend le relais pour faire gagner la droite sur un programme clair, sans le poids des vieilles affaires.
L’union des droites, cible privilégiée
Car derrière l’acharnement judiciaire, c’est bien l’union des droites qui cristallise les peurs du système en place. Si demain Jordan Bardella, Sarah Knafo, Éric Ciotti ou Bruno Retailleau parviennent à construire un bloc présidentiel solide, capable de rassembler les droites populaires et conservatrices, la donne serait radicalement changée. Cette coalition pourrait incarner un véritable pôle d’alternance et tourner la page de l’héritage macroniste, que beaucoup jugent désormais à bout de souffle.
Le calendrier n’est pas anodin. À chaque percée du RN ou de ses alliés, une affaire ressurgit pour nourrir le doute, entretenir le soupçon et fracturer l’élan populaire. Mais cette fois, le camp national doit comprendre qu’il joue gros : rester soudé, clarifier sa ligne et renouveler ses visages, pour ne plus offrir de prise aux tentatives de déstabilisation. Les électeurs, eux, voient clair dans ce jeu.