Les États-Unis, l’Australie, l’Inde et le Japon dévoilent un front commun sur la sécurité, les minerais critiques et les technologies de demain.
Sécurité, minerais, IA : le Quad en mode défense active
Réunis à Washington les 1er et 2 juillet 2025, les ministres des Affaires étrangères des États-Unis, d’Australie, d’Inde et du Japon ont envoyé un message clair : le Quad passe à la vitesse supérieure. Objectif ? Un Indo-Pacifique libre, ouvert, sécurisé – et à l’abri des pressions chinoises.
Le programme est ambitieux : sécurité maritime, prospérité économique, technologies critiques, chaînes d’approvisionnement et aide humanitaire. En toile de fond, une cible évidente : la Chine et ses coups de force en mer de Chine méridionale.
Dans un langage feutré mais explicite, les quatre puissances ont dénoncé les actions unilatérales de coercition, les attaques contre la liberté de navigation, les jets de canons à eau et autres ramming maritimes. Une référence directe aux manœuvres chinoises contre les Philippines, mais aussi à la militarisation des îles artificielles.
Minéraux critiques : riposte économique en ordre de bataille
Le volet le plus stratégique du sommet ? Le lancement d’une initiative conjointe sur les minéraux critiques. Objectif : diversifier les approvisionnements, sécuriser les stocks de terres rares, réduire la dépendance à la Chine, et muscler les chaînes industrielles des quatre pays partenaires.
Les États-Unis parlent d’une étape “historique” pour renforcer la résilience économique du Quad. L’Inde pousse pour une exploitation plus locale. Le Japon vise la cybersécurité et les batteries. L’Australie, elle, mise sur le lithium et l’uranium.
À terme, il s’agit de bâtir une souveraineté technologique partagée, indispensable pour les secteurs sensibles : intelligence artificielle, semi-conducteurs, satellites, réseaux autonomes et sous-marins téléopérés.
Un axe stratégique, mais fragile, face aux tensions internes
Sur le papier, le Quad affiche un front uni. Mais en coulisses, les frictions existent. Les États-Unis maintiennent des droits de douane punitifs sur l’Inde, ce qui crispe New Delhi. L’Australie, elle, réclame plus de garanties sur l’AUKUS, ce partenariat de sécurité trilatéral qui peine à convaincre pleinement l’opinion nationale.
Penny Wong a d’ailleurs rappelé que l’engagement australien repose sur des priorités budgétaires claires : une montée des dépenses de défense de 2 % à 2,4 % du PIB d’ici 2034… mais sans chèque en blanc.
La Corée du Nord a aussi été évoquée, avec une condamnation ferme de ses essais balistiques, de ses cyberattaques, et de ses rapprochements militaires avec Moscou. L’axe Pékin–Pyongyang–Moscou hante toujours l’ombre des réunions du Quad.
Un Quad sous pression, mais structuré.
Entre coordination sécuritaire, stratégie technologique et agenda diplomatique, les quatre géants cherchent à préempter l’espace indo-pacifique face à l’activisme chinois. Loin des grandes déclarations, c’est sur le terrain — ports, câbles sous-marins, minerais et algorithmes — que se joue désormais la bataille de demain.