Réunis à l’Élysée ce 2 juillet, chefs d’entreprise, syndicalistes et élus calédoniens ont sonné l’alarme : après les émeutes de 2024, c’est tout un modèle qu’il faut rebâtir.
Une économie exsangue, un climat sous tension
Sous les ors de l’Élysée, l’heure n’était ni aux discours creux, ni aux bilans tièdes. Emmanuel Macron a convoqué autour de lui patrons, représentants des salariés et forces politiques de Nouvelle-Calédonie. Objectif affiché : dessiner une trajectoire claire pour quinze à vingt ans, après des émeutes qui ont ravagé un tissu économique déjà fragilisé.
Dans la salle, la gravité domine. Les images des commerces incendiés, des emplois perdus et des quartiers désertés sont encore dans tous les esprits. Pour beaucoup, ce « Sommet pour l’avenir » est celui de la dernière chance.
Le Medef et la CPME sonnent le tocsin
En première ligne, les patrons calédoniens n’ont pas mâché leurs mots. La présidente du MEDEF-NC a résumé le constat : sans redressement économique massif, pas de paix sociale durable. Difficile d’être plus clair.
Elle a rappelé les piliers jugés incontournables : alléger la dépense publique, clarifier les institutions, libérer l’initiative privée, valoriser les terres coutumières et redéfinir la citoyenneté économique. Des demandes concrètes, loin des promesses abstraites.
Même tonalité du côté de la CPME-NC. Christophe Dauthieux, son vice-président, a évoqué des chiffres qui donnent le vertige : plus de 1 000 entreprises liquidées, 12 000 salariés sur le carreau, et un tissu de TPE-PME à bout de souffle. Pour lui, la priorité est limpide : restaurer la sécurité et relancer la commande publique pour offrir un minimum de perspectives aux petites structures locales.
Les syndicats réclament un « acte fort » de l’État
Du côté des salariés, l’USOENC, premier syndicat du privé, ne cache pas son inquiétude. Les mines s’essoufflent, la diversification attend toujours, la vie chère étrangle les ménages, et le système de santé frôle la rupture. Dans ce contexte, l’organisation syndicale réclame un plan d’action immédiat : relancer, réparer, reconstruire.
Elle insiste : la voix des travailleurs doit être entendue, non subie. Sans justice sociale, pas de stabilité politique possible, martèle l’USOENC, qui demande une révision des grands équilibres – de la CAFAT aux retraites – et une stratégie ambitieuse sur la formation, l’agriculture, l’énergie et le tourisme.
Des grues et des chantiers comme symbole
Au-delà des mots, une image s’impose : celle des grues de chantier comme totems d’un redressement tant espéré. Pour les acteurs économiques, le cap est posé : signer un accord concret, chiffré, applicable, qui prenne enfin en compte les réalités du terrain. Pas une promesse de plus, mais un engagement précis, avec un calendrier et des responsabilités partagées.
Car à Paris comme à Nouméa, une évidence s’impose : sans économie, pas de paix. Et sans paix, pas d’avenir.