Violence, drogue, réseaux sociaux : les établissements scolaires calédoniens sous tension. Face à la montée des agressions, l’État renforce les contrôles et les patrouilles.
Une sécurité scolaire renforcée sur fond d’alerte sociale
Depuis la rixe survenue mardi 1er juillet, devant le lycée Jules-Garnier, les autorités ont intensifié les mesures de sécurisation autour des établissements scolaires du territoire. Si la présence policière n’est pas nouvelle, l’événement a précipité des opérations ciblées, notamment de fouille de sacs. Objectif : prévenir tout port d’arme blanche ou comportement dangereux dans les enceintes scolaires.
Des patrouilles sont ainsi déployées sur tout le territoire, des lycées jusqu’aux écoles primaires, en coordination avec les équipes pédagogiques. Une stratégie d’intervention modulable, adaptée aux zones jugées sensibles. Ce déploiement s’inscrit dans une politique de vigilance continue.
Délinquance : baisse générale mais fracture sociale persistante
Les chiffres de la délinquance des six premiers mois de 2025 montrent un net recul par rapport à l’année 2024 : incendies volontaires divisés par quatre, cambriolages d’entreprises par trois. Mais derrière cette amélioration apparente, les autorités observent une mutation préoccupante des comportements.
Les cambriolages de logements bondissent de 50 % par rapport à 2023. Les violences contre les représentants de l’État restent à des niveaux proches de ceux observés pendant les troubles de 2024. Depuis janvier, 101 gendarmes ont été blessés, parfois grièvement, lors d’interventions. Les agressions contre l’uniforme témoignent d’un climat de défiance inédit.
Délinquance opportuniste et banalisation de la violence
Les attaques contre des stations-service, comme celle de Moindou au véhicule bélier, relèvent selon les autorités d’une logique d’appropriation opportuniste. Elles visent souvent des biens de première nécessité ou de revente facile : carburant, cigarettes, liquidités.
Les vidéos de rixes, massivement diffusées sur TikTok ou Snapchat, entretiennent un phénomène de désinhibition et de glorification de la violence. Les pouvoirs publics envisagent d’intensifier les actions de sensibilisation à la désinformation, notamment via des modules éducatifs ou concours d’éloquence en lien avec les établissements.
Alcool, cannabis, réseaux : une jeunesse à haut risque
Autre priorité du Haut-Commissariat : l’addictologie des jeunes. 46 % des adolescents expérimentent l’alcool entre 10 et 12 ans. Un tiers des jeunes de 17 ans auraient une consommation toxique de cannabis, dont le taux de THC dépasse 35 % en Nouvelle-Calédonie — trois fois plus qu’en métropole.
Les autorités plaident pour une action coordonnée avec le gouvernement et les acteurs économiques, afin de structurer une politique de prévention, sans stigmatiser les secteurs concernés. La Croix-Rouge mène d’ailleurs des campagnes sur les conduites addictives, cofinancées par le Haut-Commissariat.
Une approche mobile, préventive et répressive
Contrôles de sacs, patrouilles autour des établissements, contrôles routiers anti-alcoolémie… Les moyens ont été doublés. La sécurité scolaire s’inscrit dans une stratégie globale, combinant prévention et répression, selon une logique de présence « là où il faut, quand il le faut ».
Les services de l’État assurent que la vigilance sera maintenue dans la durée, sans relâcher l’attention sur d’autres volets comme les cambriolages ou les accidents de la route. Une mobilisation de tous les instants face à une jeunesse fragilisée et une société calédonienne en quête de repères.