Depuis plus de quarante ans, l’association AVEC agit dans l’ombre mais change concrètement des vies.
2025 : une mission vitale fragilisée
Créée en 1981, elle soutient les malades calédoniens évacués sanitaires vers la Métropole ou l’Australie pour y recevoir des soins indisponibles sur le territoire. Elle les aide à préparer leur départ, les oriente dans leurs démarches, mais surtout, elle les accompagne humainement à chaque étape de cette épreuve. Dans les hôpitaux de Sydney ou de Paris, des visiteurs de malades apportent un soutien moral, mais aussi du linge, des produits d’hygiène, ou simplement un peu de chaleur humaine.
Un travail de terrain discret, essentiel, et en partie menacé. Car, à la suite des émeutes de mai 2024, l’association voit son budget amputé de près de 10 millions de francs CFP : un coup dur pour une structure qui ne fonctionne que grâce aux dons et à l’engagement bénévole. Face à la baisse des financements publics et aux restrictions post-émeutes, la collecte de fonds traditionnelle dans les grandes surfaces de juillet-août a été annulée. Résultat : moins de recettes, plus de besoins, et une équation financière de plus en plus difficile à tenir.
Des rêves pour les enfants malades
Au-delà du soutien logistique et psychologique, l’AVEC s’est aussi donné une mission plus lumineuse : offrir des rêves aux enfants gravement malades. Depuis 2012, grâce à son programme « Rêves d’enfants », l’association permet à de jeunes Calédoniens en rémission de vivre une parenthèse inoubliable. Visites de monuments parisiens, rencontres, voyages… des projets personnalisés financés par des dons, des ventes caritatives ou des événements festifs. Pour un anniversaire, un mariage ou une action solidaire, chaque geste compte.
Cette année encore, malgré les difficultés, l’AVEC veut continuer à faire briller les yeux de ces enfants. Mais, pour y parvenir, elle a dû s’adapter. Une cagnotte en ligne a été lancée, relayée sur les réseaux sociaux de l’association.
Comme la maladie ne s’est pas mise en pause, nous non plus
explique sa présidente, Marie-Claude Hellouin, lucide mais déterminée. Une cagnotte, mais aussi un moyen pour chaque Calédonienne et chaque Calédonien de remercier cette association, en inscrivant ou dessinant, sur des fresques mises à disposition à l’entrée de grandes surfaces — comme c’est le cas au Leader Price de Magenta — un petit mot ou un dessin. Des fresques de dessins d’enfants exprimant avec une force désarmante la gratitude et la solidarité envers les malades évacués : un message simple, sincère, qui résume à lui seul le combat de l’AVEC depuis plus de quarante ans.
Une activité en hausse, des moyens en baisse
Les mois à venir s’annoncent critiques. Le départ de plusieurs professionnels de santé du territoire pourrait entraîner une hausse des évacuations sanitaires. Certaines interventions, autrefois réalisées en Nouvelle-Calédonie, doivent désormais se faire à l’extérieur. En 2023, les bénévoles de l’AVEC sont intervenus auprès de 589 malades, apportant vêtements, produits de toilette, soutien moral, voire une participation au billet d’avion ou au logement des accompagnants lorsque la Cafat ne prend pas en charge ces dépenses.
Mais ce dévouement a un prix. Et les bénévoles manquent autant que les fonds. L’association appelle à la mobilisation générale : devenir donateur, mécène, ou mieux, bénévole. Car chaque présence compte. Chaque sourire offert aux patients hospitalisés est une victoire sur la solitude, l’angoisse, l’incompréhension.
Face à une société calédonienne fracturée, l’association AVEC rappelle que la maladie ne connaît ni ethnie, ni âge, ni catégorie sociale. Elle frappe au hasard. Et que la réponse, elle, peut être universelle : la solidarité.