Tokyo exporte six navires de guerre à la marine philippine pour contenir Pékin dans le Pacifique.
Une alliance militaire en pleine accélération face à Pékin
Le Japon franchit un nouveau cap. Selon le quotidien Yomiuri, Tokyo s’apprête à livrer six destroyers de classe Abukuma à la marine philippine, dans une manœuvre stratégique clairement orientée contre la Chine. Ces navires, actuellement en service dans la Force maritime d’autodéfense japonaise, seront transférés pour renforcer les capacités navales d’un allié régional en première ligne dans les tensions maritimes du Pacifique.
Ces bâtiments de 2 000 tonnes, armés de missiles anti-sous-marins et anti-navires, représentent un bond technologique pour une marine philippine qui ne dispose aujourd’hui que de frégates et de corvettes plus légères. Leur inspection par les officiers philippins est prévue cet été.
Cette décision, fruit d’un accord entre les ministres de la Défense Gen Nakatani (Japon) et Gilberto Teodoro (Philippines) lors du sommet de Singapour, marque un tournant pour l’archipel nippon, traditionnellement prudent sur les exportations militaires. Le Japon contourne ici ses propres restrictions pacifistes en classant la fourniture d’équipements comme un « projet de développement conjoint ».
La mer de Chine au cœur des tensions
Ce renforcement militaire s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes avec la Chine, accusée par Tokyo et Manille d’expansion agressive dans les zones contestées : la mer de Chine méridionale pour les Philippines, la mer de Chine orientale pour le Japon. Face à cela, les deux pays multiplient les coopérations.
Outre ces livraisons de destroyers, des exercices conjoints ont été menés, des aides radar japonaises déployées, et un dialogue stratégique de haut niveau instauré. En 2023, Tokyo et Manille ont même signé un accord d’accès réciproque, une première pour le Japon en Asie, qui permet à leurs forces de se déployer mutuellement sur leurs territoires respectifs.
Cette nouvelle livraison vient donc consolider un axe de défense régional qui se met en place progressivement, sous l’œil attentif des États-Unis, partenaire de longue date des deux pays.
Un signal fort à la Chine… et au reste de l’ASEAN
La Chine n’a pas encore réagi officiellement à cette annonce, mais Pékin est directement visé. En renforçant militairement les Philippines, le Japon envoie un signal clair : la stratégie d’intimidation maritime chinoise ne restera pas sans réponse.
Le message est aussi destiné aux autres pays d’Asie du Sud-Est, dont plusieurs — Vietnam, Indonésie, Malaisie — font face aux mêmes incursions de la marine chinoise. Ce soutien japonais pourrait ouvrir la voie à d’autres partenariats stratégiques dans la région, dans un contexte où le QUAD (Japon, États-Unis, Australie, Inde) intensifie également ses engagements.
Avec cette initiative, le Japon confirme son retour dans le jeu géostratégique du Pacifique, rompant avec des décennies de discrétion diplomatique. Une évolution que Pékin ne pourra ignorer.