Ce lundi 7 juillet sur Océane FM, les auditeurs ont pris la parole avec une franchise cinglante. Travaux à l’arrêt, routes dangereuses, vie chère qui étrangle, et sentiment d’abandon par les pouvoirs publics : les témoignages dressent un tableau sans fard d’une Nouvelle-Calédonie au bord de la crise de nerfs. Les « coups de gueule » de la population disent tout haut ce que beaucoup pensent tout bas.
Travaux publics : « On n’en peut plus d’attendre »
La paralysie des chantiers routiers dans plusieurs communes revient avec insistance dans les appels des auditeurs. À Poya, c’est le goudron qui se fait attendre.
Ça fait deux mois que c’est censé être bitumé. Résultat ? Des trous partout, et la poussière sur les maisons !
dénonce un habitant excédé. À Dumbéa, un autre intervenant se plaint de voir des agents
qui viennent, regardent, repartent, et reviennent trois semaines plus tard… sans rien faire !
Un autre auditeur évoque la route de Houaïlou :
Chaque fois qu’il pleut, c’est le même cinéma, les nids-de-poule réapparaissent. On colmate, mais ça tient trois jours !
Derrière ces critiques, une même inquiétude : l’impression que les collectivités sont dépassées ou inertes.
Comportements dangereux sur la route : ras-le-bol général
Les automobilistes n’épargnent pas leurs congénères.
Entre les mecs qui doublent à droite, ceux qui téléphonent au volant, et les jeunes qui font les fous avec des motos trafiquées, c’est un miracle qu’il n’y ait pas plus de morts
lance un auditeur de Nouméa. À Koné, une mère de famille raconte avoir failli se faire renverser
Le gars ne s’est même pas arrêté, alors que j’étais sur un passage piéton avec mon enfant.
Les comportements à risque semblent se banaliser.
Les feux rouges ? Une suggestion pour certains
ironise un autre auditeur. Plusieurs appellent à un renforcement immédiat des contrôles de la gendarmerie et de la police.
Habitations insalubres : silence des autorités
À Canala, une habitante témoigne de conditions de vie
indignes pour un pays comme la France. On est dix dans une case, les enfants dorment à même le sol, et l’État ose parler d’égalité ?
La Conception, un homme évoque des logements sociaux où
la moisissure bouffe les murs et personne ne fait rien, même après signalement.
Les appels lancent un cri d’alerte : les aides existent, mais n’arrivent jamais jusqu’à ceux qui en ont besoin.
Faut-il brûler la maison pour qu’on nous remarque ?
interroge un auditeur, à bout.
Vie chère : l’étau continue de se resserrer
Le portefeuille est à sec pour beaucoup.
L’électricité a encore augmenté. Ma facture a pris 4 000 francs de plus ce mois-ci
témoigne une retraitée de Païta. À cela s’ajoutent le carburant, les produits de base, et l’eau.
On travaille juste pour payer. On vit plus, on survit
résume un homme de Koumac. Une auditrice déplore que le gouvernement parle de modération des prix
alors qu’ils ne font rien contre les monopoles
Elle conclut :
Qu’ils viennent vivre avec 180 000 francs par mois à Nouméa, on en reparle.
Recrutement dans la police : malaise autour des épreuves probatoires
Un sujet inattendu est revenu à plusieurs reprises : le recrutement dans la police nationale. Des auditeurs critiquent un examen probatoire jugé opaque.
On nous fait passer un test sans nous dire le contenu à l’avance. Certains ont reçu une convocation, d’autres non, sans explication.
Un jeune candidat évoque
un flou total autour des critères de sélection
et pointe une possible inégalité d’accès.
Si tu connais quelqu’un, tu passes. Sinon, tu attends une hypothétique prochaine session.
Le sentiment d’injustice monte.
Semaine après semaine, les auditeurs d’Océane FM lèvent le voile sur une société calédonienne en proie au désenchantement. Leur colère n’est ni aveugle ni gratuite : elle reflète une expérience quotidienne marquée par l’injustice, l’inaction et l’oubli. À travers chaque appel, une exigence se fait entendre : que les décideurs cessent les discours creux et s’attaquent enfin aux problèmes concrets. Car si le micro d’Océane FM reste ouvert, c’est surtout parce que tant d’autres portes, ailleurs, semblent fermées.