De retour de Paris, le membre du gouvernement en charge de l’économie annonce une série de mesures économiques obtenues en marge des discussions sur l’avenir institutionnel. Extension de la garantie émeutes, désendettement, appui au nickel : l’exécutif entend adosser un véritable pacte économique et social au futur accord politique.
Des annonces concrètes en marge du sommet de Bougival
De retour de Paris, Christopher Gygès, porte-parole du gouvernement calédonien, dresse un premier bilan des discussions économiques tenues en parallèle des négociations institutionnelles. Si le format du « collège économique et social », organisé les 4 et 5 juillet, a pu sembler trop dense pour un échange approfondi, plusieurs mesures immédiates ont toutefois été actées par l’État, dans un contexte de crise économique post-émeutes. L’une des plus attendues : l’extension par la métropole de la garantie émeutes, qui viendrait compenser le retrait des compagnies d’assurances depuis les événements du 13 mai. Un engagement majeur pour la relance des investissements et le redémarrage de l’activité.
Autres mesures immédiates : le déblocage des dossiers en souffrance dans le cadre du fonds de solidarité aux entreprises sinistrées, l’annonce d’une future immatriculation des sociétés calédoniennes à l’Insee — leur permettant de participer aux appels d’offres nationaux —, ainsi que la confirmation d’une prise en charge partielle de la reconstruction via la mission confiée à Claire Durieux, qui sera en partie déployée sur le territoire.
Vers un accord économique global structuré autour du désendettement
Au-delà de ces premières mesures, l’exécutif calédonien réclame désormais l’inscription formelle d’un « pacte économique et social » au sein même du futur accord politique. Ce pacte vise à inscrire l’économie dans la trajectoire d’un développement structurel et pérenne, avec des demandes précises à l’État : transformation en subventions des prêts d’urgence contractés depuis la crise, comblement de la dette de la Cafat, intégration du pays dans les dispositifs nationaux de péréquation tarifaire (notamment pour l’électricité et le fret).
Ces revendications ne datent pas d’hier, mais prennent une résonance particulière alors que la question institutionnelle reste incertaine. L’objectif du gouvernement : conditionner les futures avancées politiques à une sécurisation économique claire, qui ne se limite pas à l’urgence mais projette la Nouvelle-Calédonie dans une dynamique de relance à moyen et long terme.
Le nickel, l’énergie et la stratégie industrielle au cœur du débat
Autre pilier de ce pacte en gestation : l’industrie minière. Le gouvernement insiste pour que le secteur du nickel — jugé vital pour l’avenir du territoire — soit intégré à l’accord institutionnel, comme cela avait été fait dans les accords de Bercy en 1998. L’enjeu ne se limite pas à la SLN, dont la sortie annoncée d’Eramet du capital ne surprend plus personne, mais s’étend à l’ensemble de la filière, Nord et Sud compris. La problématique énergétique — clef de voûte de la rentabilité industrielle — reste également au cœur des blocages.
Si les grandes lignes des solutions sont connues et documentées, les arbitrages politiques et budgétaires restent à faire, notamment du côté de l’État. Le sommet a permis de rappeler l’urgence d’un plan énergétique cohérent, sans lequel aucune stratégie minière ne pourra fonctionner. La mission reconstruction, qui inclura des Calédoniens dans son équipe, pourrait également jouer un rôle de coordination sur ce dossier transversal.