Pékin accélère la cadence pour sécuriser ses ressources stratégiques
La Chine vient de battre un record d’investissement minier à l’étranger, avec dix opérations dépassant chacune les 100 millions de dollars en 2024, selon les données de S&P et Mergermarket relayées par Financial Times. C’est tout simplement le niveau le plus élevé depuis 2013. L’analyse du Griffith Asia Institute confirme : 2024 est l’année la plus active pour les investissements et constructions minières chinoises à l’international depuis plus d’une décennie.
Pourquoi une telle frénésie ? Parce que Pékin joue contre la montre. Les tensions géopolitiques s’intensifient et les gouvernements occidentaux — Canada et États-Unis en tête — ferment progressivement leurs marchés. Résultat : les groupes chinois accélèrent leurs acquisitions avant que les portes ne se referment définitivement.
Le Kazakhstan et le Brésil en ligne de mire, l’or comme catalyseur
L’année 2025 confirme cette dynamique. Il y a quelques jours, Zijin Mining a annoncé l’achat de la mine d’or Raygorodok au Kazakhstan pour 1,2 milliard de dollars. En avril, Baiyin Nonferrous Group a mis la main sur la mine brésilienne Mineração Vale Verde, riche en cuivre et or, pour 420 millions de dollars.
Derrière cette offensive, un moteur précieux : le cours de l’or. La flambée des prix a donné un coup d’accélérateur aux ambitions minières de la Chine, déjà premier producteur mondial du métal jaune. Parmi les acteurs les plus offensifs, Chifeng Gold se distingue par une progression fulgurante : de 2 tonnes en 2019 à plus de 15 tonnes produites en 2023, grâce à ses sites en Chine, au Ghana et au Laos.
Pékin domine la transformation mais reste dépendante des importations
Ce boom n’est pas anodin : la Chine maîtrise déjà l’essentiel du raffinage mondial de minéraux stratégiques, comme le lithium, le cobalt ou les terres rares. Mais elle reste dépendante des importations de minerais bruts, particulièrement pour ses industries de pointe (batteries, éolien, semi-conducteurs…).
Dans ce contexte, les entreprises minières chinoises profitent de l’atonie de la production mondiale (notamment en or, restée quasi stable depuis 2018) pour racheter à bon prix des actifs vieillissants, à défaut de nouvelles grandes découvertes. CMOC Group, Chifeng, mais aussi des acteurs australiens (Northern Star Resources) et sud-africains (Gold Fields) se livrent à une guerre de rachats qui reconfigure le paysage minier mondial.