Un haut responsable de la police judiciaire, Henri Drowa, a été suspendu après des faits jugés d’une gravité exceptionnelle. Le Conseil d’État a confirmé la mesure sans ambiguïté.
Un chef de service rattrapé par de lourdes accusations
La décision est tombée comme un couperet. Le Conseil d’État a clairement validé la suspension de l’ex-commissaire, alors chef du service territorial de la police judiciaire à Nouméa. Cette mesure disciplinaire, prise par le ministre de l’Intérieur en novembre 2024, s’inscrit dans un contexte particulièrement tendu au sein des forces de l’ordre en Nouvelle-Calédonie.
Tout part d’un signalement jugé « alarmant », transmis par un officier adjoint en mission de renfort sur le Caillou. L’enquête de l’Inspection générale de la police nationale s’ouvre alors. Selon les premiers éléments, ce haut cadre de la police locale aurait multiplié les dérives : dysfonctionnements graves, manquements hiérarchiques, et climat délétère imposé à ses équipes.
Mais le signalement ne reste pas isolé. D’autres témoignages, convergents et accablants, viennent renforcer les soupçons pesant sur Henri Drowa. Ils évoquent des violences verbales et physiques répétées, une posture autoritaire excessive et des décisions bloquant l’action des forces envoyées en renfort. Plus troublant encore : l’intéressé aurait expressément interdit à ses agents de transmettre des informations judiciaires, créant une véritable rupture dans la chaîne opérationnelle.
Obstruction, tensions hiérarchiques et fuite de données
Les faits retenus par le Conseil d’État sont lourds. Henri Drowa aurait non seulement brimé ses subordonnés, mais aussi contesté publiquement l’autorité de sa hiérarchie – en particulier celle de la directrice territoriale adjointe. Un acte d’insubordination grave et symbolique, d’autant plus sévère qu’il intervient dans un contexte post-émeutes, où la cohésion des forces de sécurité était absolument cruciale.
À cela s’ajoute un point particulièrement sensible : la fuite de données confidentielles vers la presse locale. Ce haut fonctionnaire est soupçonné d’avoir divulgué des éléments liés à des procédures judiciaires en cours, en violation des règles strictes de déontologie policière. De telles pratiques peuvent nuire gravement à la crédibilité des enquêtes.
Malgré l’absence de rapport d’enquête final au moment de la suspension, la juridiction administrative estime que les éléments disponibles présentent une gravité suffisante pour légitimer la décision ministérielle. Gravité et crédibilité des accusations : voilà les deux piliers du jugement.
Décision ferme du Conseil d’État
Le 5 juin 2025, le Conseil d’État a tranché : la requête d’Henri Drowa est rejetée en bloc. La haute juridiction rappelle que, selon le code général de la fonction publique, une suspension peut être prononcée dès qu’une faute grave est raisonnablement suspectée, sans attendre la fin d’une enquête administrative.
Sur le plan formel, l’arrêté de suspension a été signé par une autorité compétente : le directeur des ressources humaines de la police nationale. Sur le fond, les accusations portées – bien que réfutées par l’intéressé – ne présentent ni inexactitude manifeste ni irrégularité juridique.
Enfin, le Conseil d’État rejette également la demande d’indemnisation déposée par le commissaire au titre des frais de justice : les 3 500 euros (420 000 XPF) réclamés ne seront pas versés.
Cette décision vient rappeler avec force que la discipline au sein des forces de sécurité ne saurait souffrir la moindre faille, surtout dans des contextes aussi tendus que celui de Nouméa. Le Conseil d’État souligne ici la rigueur attendue des hauts fonctionnaires de l’État, y compris – et peut-être surtout – en période de crise.