Les Calédoniens à bout : incivilités, précarité et injustice au cœur des coups de gueule. Entre crise économique, dérives administratives et insécurité du quotidien, les auditeurs d’Océane FM ont vidé leur sac. Une parole libre, à vif, qui dresse un portrait sans filtre d’une Nouvelle-Calédonie en tension.
Problèmes de voisinage : chats errants, phares trop puissants et véhicules abandonnés
L’ambiance semble pesante dans certains quartiers. Un auditeur, allergique aux chats, se plaint :
Tous les chats du quartier squattent mon canapé quand je ne suis pas là !
Un autre décrit son calvaire sur la route :
Les nouvelles voitures avec leurs phares LED, ça t’éblouit comme en plein jour, c’est dangereux !
Le ras-le-bol s’étend aux voitures ventouses :
À Magenta, les épaves sont là depuis trois ou quatre ans. On appelle les responsables, ils ne répondent jamais !
dénonce un habitant. La dégradation de l’espace public alimente le sentiment d’abandon.
Crise économique : un territoire au bord de la rupture
La situation est jugée « plus grave que dans les autres Outre-mer », avec une pauvreté galopante et des inégalités sociales extrêmes. Un auditeur ironise :
Heureusement que les gars en costume ont sorti leurs chiffres, on n’avait pas remarqué qu’on était plus mal qu’ailleurs !
Un autre enfonce le clou :
Ici, c’est la Suisse. Tout va bien, tous les indicateurs sont dans le bon sens… sauf pour nous !
Même les projets censés relancer l’économie comme l’hôtel Wadra Bay à Lifou suscitent le scepticisme :
Qui va aller là-bas ? Franchement, j’suis content pour les emplois, mais c’est invendable à ces prix
La crise du nickel, les émeutes de mai 2024 et l’instabilité politique pèsent lourd dans les esprits.
Transports en crise : entre légalité inaccessible et survie au black
Les témoignages sur les transports illégaux se sont multipliés. L’indignation est partagée entre ceux qui en dépendent et ceux qui se battent pour rester dans les clous. Une auditrice s’indigne :
95 000 francs pour cinq jours de formation, 7 000 de visite médicale, l’assurance hors de prix… Comment s’en sortir ?
Une autre contrebalance :
On transporte des enfants, la vie d’un enfant n’a pas de prix. Moi, je suis assurée, eux non !
Un auditeur résume :
Si les cars rentraient dans les quartiers, on n’aurait pas besoin de ces solutions alternatives
Une troisième voix propose :
La carte orange coûte presque rien et suffit souvent
Le tout révèle une détresse sociale prise en étau entre normes rigides et précarité endémique.
Logement : insécurité juridique et abus de propriétaires
Les récits sur les logements précaires se suivent et se ressemblent. Un auditeur relate :
J’ai vécu six mois sans bail. Maintenant ils me réclament 200 000 francs pour débroussailler le terrain alors que rien n’était aux normes !
Un autre évoque une situation ubuesque :
On me convoque pour un panneau trouvé à la déchetterie, la gendarmerie débarque chez moi. Depuis, on m’a viré de mon logement
Ce flou juridique et le poids de certains propriétaires abusifs renforcent l’impression d’une justice à deux vitesses, souvent plus rapide à frapper les plus faibles.
Injustice sociale et judiciaire : la colère monte
La perception d’un système judiciaire inéquitable est un leitmotiv.
Une dame transporte trois enfants, elle risque la prison. Un politique détourne des millions, il a un bracelet électronique
dénonce un auditeur.
Le gars tue un cerf pour manger, six mois ferme. C’est quoi la justice ?
tonne un autre. Ce sentiment d’injustice dépasse les cas individuels :
Les chiffres du recensement mettent deux mois à sortir, alors qu’on n’est pas 3 millions ici ! Ils veulent nous faire avaler leurs vérités fabriquées ?
clame un auditeur suspicieux. Une défiance généralisée qui traduit un fossé croissant entre institutions et citoyens.
Santé et environnement : l’alerte est lancée
La disparition des magasins bio est vécue comme un recul sanitaire :
On est un pays malade, plein de diabète, cholestérol… et on ferme les magasins bio pour mettre de la malbouffe ?
proteste un auditeur. La présence d’un fast-food en face d’un collège alimente la colère :
On interdit l’alcool à côté des écoles, mais on accepte la nourriture toxique ?
Côté environnement, les inquiétudes montent à propos des scories à Tindu :
Quand il y a du vent, on voit des particules voler. Personne ne fait d’étude d’impact ? C’est la santé publique quand même !
Un signal d’alarme ignoré selon les auditeurs.
Un pays au bord de la rupture sociale
Cette édition reflète un ras-le-bol généralisé. Des incivilités du quotidien à l’effondrement des services publics, en passant par la misère économique et les injustices criantes, les auditeurs peignent une Nouvelle-Calédonie à la dérive. Tous les voyants sont au rouge, mais la parole citoyenne continue de porter, avec force et lucidité, la volonté d’être entendue.