Le Comité interministériel de ce 10 juillet 2025 cible trois urgences : Mayotte sinistrée, la flambée des prix et l’insécurité croissante. Un virage pragmatique et régalien.
Mayotte, chantier prioritaire d’une République à reconstruire
Ravagée par le cyclone Chido et la tempête Dikeledi, Mayotte ne pouvait attendre. Le CIOM l’a placée au sommet des urgences nationales. Plus qu’un plan de secours, la République engage une refondation profonde de son 101e département.
L’enjeu est colossal : remettre en état les infrastructures vitales, relancer l’économie, mais surtout restaurer la confiance dans les institutions. Le Parlement a définitivement adopté, le 10 juillet, une loi de programmation pour « refonder Mayotte », avec un budget inédit de 4 milliards d’euros sur six ans. Cette stratégie, pilotée par un établissement public dédié, affiche cinq axes transversaux : immigration clandestine, sécurisation foncière, environnement, égalité des droits, attractivité.
Il ne s’agit pas d’un énième plan d’urgence : l’État entend façonner l’avenir de Mayotte. Cela passe par la garantie des droits essentiels — logement, eau, santé — et l’investissement massif dans l’éducation et l’économie. La promesse est claire : intégrer pleinement Mayotte à la République, dans la stabilité et la prospérité.
Une lutte déterminée contre la vie chère dans les Outre-mer
L’écart de prix persistant entre les Outre-mer et l’Hexagone est désormais traité comme une priorité stratégique. Le CIOM veut inverser la logique : renforcer le pouvoir d’achat par des outils concrets et locaux. Un projet de loi sera présenté avant la fin du mois.
Les leviers sont clairs : plus de transparence sur les marges, fin des monopoles injustifiés, et soutien appuyé aux filières locales. Le dispositif du Bouclier Qualité Prix sera renforcé, tout comme le rôle des Observatoires des prix et des revenus. Ces derniers seront encadrés par des préfets désormais dotés d’un vrai pouvoir de coordination.
La circulaire envoyée dans la foulée du CIOM leur donne pour mission d’impulser une gouvernance économique locale, au plus près des réalités d’approvisionnement, de transport et de distribution. Réduire les coûts structurels dans des territoires insulaires éloignés est un objectif national.
C’est un changement de méthode : l’État entend traiter la vie chère comme une inégalité de fait et y répondre avec des outils de politique publique adaptés aux contraintes ultramarines.
Sécurité : l’État renforce son bouclier républicain dans les territoires
Les Outre-mer subissent de plein fouet les violences du quotidien, les trafics transnationaux, mais aussi les impacts du dérèglement climatique. Face à cette triple menace, le CIOM déploie une doctrine de sécurité globale, avec neuf mesures ciblées.
L’objectif : protéger les plus vulnérables, notamment les mineurs, éradiquer les trafics structurants (drogue, armes, immigration illégale), et anticiper les crises climatiques. Cette stratégie allie sécurité publique et prévention, avec un renforcement des effectifs et des moyens techniques dans les zones les plus sensibles.
Il s’agit aussi de lutter contre les racines de la violence, en agissant sur l’école, l’insertion professionnelle et l’urbanisme. L’État ne veut plus se contenter de réponses ponctuelles. Il mise sur une approche durable, pilotée depuis Paris mais déclinée territoire à territoire, avec les forces locales en première ligne.
Un deuxième CIOM avant 2026 : vers une feuille de route sur mesure
Un nouveau CIOM se tiendra d’ici à la fin de l’année, avec un format plus classique mais pas moins stratégique. Cette fois, chaque territoire d’Outre-mer sera consulté pour faire émerger des solutions sur mesure. Les préfets mèneront une vaste campagne de concertation avec les élus, les citoyens, les syndicats, les entreprises.
Les thèmes sont ambitieux : changement climatique, autonomie alimentaire, violences intrafamiliales, emploi des jeunes, coopération régionale. L’idée : ancrer l’action publique dans le concret, au plus près du terrain.
L’enjeu pour l’État est double : restaurer la confiance, mais aussi faire des Outre-mer des territoires pilotes sur des enjeux mondiaux, comme la transition énergétique ou la souveraineté alimentaire. Le CIOM de décembre dressera le bilan de ces consultations et fixera la nouvelle feuille de route 2026-2030.
Le CIOM du 10 juillet marque un tournant. En ciblant Mayotte, la vie chère et la sécurité, le gouvernement affiche une ligne claire : répondre à l’urgence, mais avec des moyens structurels, planifiés et territorialisés. Un cap régalien qui pourrait bien faire école.