La France est sur le qui-vive. Le chef d’état-major des armées vient de tirer la sonnette d’alarme. À quelques jours d’annonces présidentielles, le ton se durcit.
Une conférence de presse inédite aux airs de mise en garde
Ce vendredi 11 juillet, dans l’enceinte feutrée du ministère des Armées à Balard, c’est un général Thierry Burkhard grave et déterminé qui a pris la parole. Fait rare : il a convoqué les médias pour une conférence de presse exceptionnelle. Le message est clair : la France doit se préparer à affronter un monde instable, menaçant et durablement bouleversé. Loin d’un retour à un ordre pacifié, le CEMA (chef d’état-major des armées) appelle à un réarmement stratégique et psychologique.
Derrière son ton posé, l’avertissement est lourd de conséquences. La cohésion nationale, pilier de la résilience, est fragilisée par des attaques hybrides, des campagnes de désinformation et une instrumentalisation cynique de l’immigration clandestine. Burkhard martèle : le monde a changé, et la France doit l’accepter pour s’y adapter. Finie l’illusion d’un retour à la normale. Place à une doctrine du réel.
Russie, Chine, Iran : des menaces plurielles, une même logique de déstabilisation
La Russie reste la menace la plus “dimensionnante”. C’est ainsi que le général qualifie cette puissance nucléaire, dotée d’un modèle militaire complet, d’une économie de guerre active et d’une profondeur stratégique massive. Endoctrinement de la jeunesse, guerre de perception, ciblage des infrastructures invisibles (satellites, câbles sous-marins) : le spectre russe est omniprésent. Et pour cause : la Russie a elle-même désigné la France comme son premier adversaire européen.
Mais l’arsenal des menaces ne s’arrête pas à Moscou. L’Iran, avec sa diplomatie de l’otage et son terrorisme d’État, figure en bonne place sur la liste noire de l’état-major. Quant à la Chine, elle pousse ses pions en mer de Chine et attaque même le symbole de la puissance française, le Rafale, à coups de campagnes de discrédit.
Sur le continent africain, la situation est jugée explosive. L’instabilité chronique, couplée à la montée du terrorisme et à l’instrumentalisation des flux migratoires, rejaillit directement sur l’Europe. Le retrait progressif des troupes françaises en Afrique n’a rien de symbolique : il répond à une nouvelle donne stratégique.
Le discours de Macron attendu comme un tournant budgétaire et militaire
La sortie médiatique du général Burkhard n’est pas anodine. Elle prélude à un discours décisif d’Emmanuel Macron devant les armées, prévu dans les prochains jours. Selon l’Élysée, des « annonces majeures » seront faites sur l’« effort de défense » national. Le timing ne doit rien au hasard : le chef de l’État s’apprête à trancher dans le vif d’une guerre budgétaire interne, à l’heure où les finances publiques sont sous tension.
Mais l’argument est implacable : refuser de payer le prix de la dissuasion aujourd’hui, c’est s’exposer à payer le coût d’un conflit demain. Le général Burkhard insiste : afficher sa détermination est le meilleur moyen d’éviter l’escalade. D’ailleurs, la Loi de programmation militaire 2024-2030, qui prévoit 413 milliards d’euros sur sept ans, pourrait encore être renforcée.
Dans les faits, le budget des armées françaises est déjà passé de 32,3 milliards d’euro (3 876 milliards de Francs CFP) en 2017 à 47,2 milliards d’euro ( 5 664 milliards de Francs CFP) en 2024. Mais pour faire face à un monde où 130 conflits sont recensés, où le climat devient un catalyseur de chaos, et où les guerres hybrides sapent les démocraties, cela pourrait ne pas suffire.
Le général Burkhard sonne l’alerte. La France n’a plus le luxe de l’aveuglement. À l’aube d’un tournant stratégique, l’heure est au courage politique. Et ce vendredi, ce sont les militaires qui ont montré la voie.