TRIBUNE. Alors que l’échéance de l’élection présidentielle s’approche à grands pas, la question de l’intelligence artificielle reste curieusement à la marge du débat public.

L’IA, l’éléphant dans la pièce électorale de 2027
L’IA apprend plus vite que nous et s’améliore chaque semaine. ChatGPT gagne un point de QI tous les sept jours et sa dernière version, GPT 03, est quatre fois plus performante qu’un médecin spécialiste pour analyser un dossier médical. L’IA n’est plus un sujet de science-fiction ou d’éthique, c’est un sujet de puissance et de survie géopolitique. Chine et États-Unis investissent massivement. En France, les partis parlent encore de « transition numérique », comme en 2002. Or le monde qui vient sera dominé par ceux qui domptent les IA.
L’IA dissout le monopole humain sur la stratégie, la médecine, la pédagogie, l’éducation et la justice. Elle est partout sauf dans les programmes et les discours politiques. Nos candidats l’ignorent comme l’éléphant dans la pièce électorale, espérant qu’il ne renversera pas les meubles avant le second tour de la présidentielle. Ce silence est une faute stratégique. L’IA n’est pas un sujet parmi d’autres. C’est la nouvelle infrastructure du monde. Elle pilotera les entreprises, formera les esprits, écrira les lois et régulera le système de santé. La question n’est pas si l’IA va transformer la France, mais si la France survivra politiquement à cette transformation. Comment une République peut-elle encore se penser souveraine quand ses élites seront moins rapides et moins fiables qu’une IA californienne non élue ? Refuser d’anticiper, c’est livrer notre souveraineté cognitive, juridique, militaire, éducative sans même combattre.
Penser n’est plus un privilège humain
En 2027, il faudrait un programme présidentiel qui redéfinisse l’État, le droit, la production, l’éducation, la santé et la défense. Nous avons besoin d’un président qui comprenne que le centre de gravité du monde bascule. Ce président n’existe pas encore. Peut-être est-il en train de se construire. Peut-être n’émergera-t-il pas à temps.
La France n’a plus besoin de tacticiens ou de démagogues mais de stratèges cognitifs. De dirigeants capables d’affronter un monde où penser ne sera plus un privilège humain. En 2027, le clivage ne se situe plus entre la gauche et la droite mais entre ceux qui comprennent l’IA et ceux qui n’ont déjà plus rien à dire au siècle.
Aucun candidat ne semble préparé à ce basculement. Il reste deux ans pour sortir du déni. Deux ans pour écrire le grand récit politique de l’IA. Sinon, l’histoire se fera sans nous. Elle sera écrite en anglais, hébergée sur des serveurs américains, régulée par des intelligences que nos ministres ne comprennent pas. Et la démocratie ne sera plus qu’un théâtre d’ombres où l’on débattra de sujets que l’IA aura rendus obsolètes. Se présenter en 2027 sans comprendre l’IA, ce n’est pas une lacune : c’est une trahison de la nation.