Bayrou annonce 40 milliards d’euros d’économies : une stratégie explosive pour sauver les finances publiques. L’enjeu ? Rien de moins que la crédibilité financière de la France, alors que le FMI soutient ce virage austère… sous conditions.
Le cap fixé : une cure d’austérité sous surveillance
François Bayrou entre dans le dur. Face à un déficit public ayant dérapé à 5,8 % du PIB en 2024, loin des prévisions initiales, l’ancien centriste a pris la décision de tout remettre à plat. Le FMI a salué un plan d’« ajustement budgétaire adéquat », à condition qu’il soit assorti de mesures crédibles et bien conçues. L’institution de Washington presse la France de rationaliser ses dépenses courantes, tant dans l’administration que dans la Sécurité sociale.
Le cap budgétaire fixé par Matignon prévoit une réduction progressive du déficit sous les 3 % à l’horizon 2029, avec une étape décisive en 2026. Mais sans majorité absolue à l’Assemblée, chaque euro économisé est aussi un pari politique. Une motion de censure pourrait balayer ce plan à l’automne si Bayrou échoue à convaincre.
L’« année blanche » : une bombe sociale à 10 milliards
La piste la plus explosive est sur toutes les lèvres : décréter une « année blanche » en 2026. En clair, bloquer les dépenses de l’État et les pensions au niveau de 2025, sans revalorisation liée à l’inflation. Une cure d’austérité silencieuse mais brutale, qui pourrait générer entre 6 ( 720 milliards de Francs CFP) et 10 milliards d’euros ( 1 200 milliards de Francs CFP) d’économies selon les estimations. Le Sénat y voit un levier fort, tandis que l’OFCE ou l’IPP appellent à la prudence.
Autre mesure envisagée : geler le barème de l’impôt sur le revenu. Résultat ? Des millions de foyers pourraient se retrouver à payer plus, ou à entrer dans l’imposition. L’OFCE estime le gain potentiel à 1,2 milliard d’euros ( 144 milliards de Francs CFP). Une stratégie risquée, surtout dans un contexte d’inflation encore sensible malgré sa récente décrue (1 % en juin).
Réformes de fond : sécurité sociale, fonction publique, agences
L’autre grand chantier concerne la protection sociale. L’Assurance maladie a soumis un plan à 3,9 milliards d’euros d’économies : lutte contre les fraudes, prévention, baisse des prix et réforme des indemnités journalières. Pour les retraites, l’idée d’un effort demandé aux retraités fait son chemin. Mais tout dépendra de la capacité politique de Bayrou à affronter les syndicats et les oppositions.
La fonction publique est aussi visée. Le gouvernement envisage de ne pas remplacer un départ à la retraite sur deux, en particulier dans la fonction publique d’État. Le Sénat estime cette mesure à 500 millions d’euros ( 60 milliards de Francs CFP) d’économies. Quant aux agences et opérateurs publics, une fusion partielle pourrait rapporter deux à trois milliards d’euros.
Enfin, le gouvernement pourrait rationaliser les aides publiques aux entreprises, dont le montant colossal s’élevait à 211 milliards d’euros ( 25 320 milliards de Francs CFP) en 2023. À gauche, certains rêvent d’une taxe sur les ultra-riches, à l’image de la « taxe Zucman », capable à elle seule de générer 20 milliards d’euros ( 2 400 milliards de Francs CFP) par an. Mais Bayrou n’y est pas favorable.
Un test de survie politique pour Bayrou ? Le Premier ministre joue gros. Ce plan d’économies de 40 milliards d’euros, impopulaire mais jugé indispensable, sera la pierre angulaire du projet de loi de finances 2026. L’ex-candidat à la présidentielle affronte à la fois les doutes des marchés, la pression du FMI et les crocs de l’opposition.
La rentrée parlementaire s’annonce brûlante. Mais à Matignon, la bataille du sérieux budgétaire ne fait que commencer.