C’est une mission invisible mais vitale. En mer comme à terre, les équipes du SAMU-SMUR de Nouvelle-Calédonie veillent, 24h/24, sur une zone aussi vaste que redoutable. Leur engagement dans les interventions maritimes relève d’un véritable exploit médical et logistique. À l’occasion de la Journée nationale SAMU-SMUR, célébrée le 16 juillet, un coup de projecteur s’impose sur ces femmes et ces hommes engagés, toujours prêts à intervenir en toute circonstance.
Un service d’urgence extrême, dans l’un des plus grands territoires maritimes au monde.
Un océan à couvrir, des moyens à mobiliser
La Nouvelle-Calédonie fait face à un défi logistique hors norme : son espace maritime à couvrir atteint 2,5 millions de km², soit trois fois la surface de la France hexagonale. Dans cet immense territoire marin, les urgences sont rares… mais elles exigent une réactivité et une technicité extrêmes.
Le SMUR maritime de Nouméa intervient par hélicoptère, bateau ou avion, en coordination avec les Forces armées en Nouvelle-Calédonie (FANC). Chaque mission est un pari contre le temps, dans un environnement où la météo peut se révéler capricieuse et où chaque minute compte.
En 2024, le COSS Nouvelle-Calédonie (Centre opérationnel de secours et de sauvetage) a coordonné 314 opérations, dont 165 opérations de sauvetage en mer (SAR). Parmi elles, 20 concernaient des urgences médicales. Si la majorité des interventions ont eu lieu dans le lagon, certaines ont mobilisé des moyens aériens à plus de 200 km des côtes.
Dans ces cas extrêmes, les FANC ont été sollicitées à 25 reprises pour leur capacité d’intervention rapide, un chiffre en forte hausse par rapport à 2023. Les moyens nautiques privés et ceux de la SNSM ont aussi été en première ligne.
Du CCMM de Toulouse au MRCC Nouméa : une chaîne de secours bien huilée
Le Centre de consultations médicales maritimes (CCMM) de Toulouse est le premier maillon de la chaîne. Il répond aux appels médicaux provenant de tous types de navires — pêche, commerce, plaisance, militaires — dès lors qu’ils sont considérés comme « en mer ». Chaque jour, les médecins du CCMM évaluent les cas à distance, posent un diagnostic, orientent les traitements et déclenchent une évacuation sanitaire si nécessaire.
Dans la région Pacifique, c’est le MRCC Nouméa (ou CROSS NC) qui prend le relais pour coordonner les moyens de sauvetage. L’articulation entre ces deux centres permet un déclenchement rapide des secours les plus adaptés.
Une étude récente sur les téléconsultations maritimes réalisées entre 2017 et 2021 dans la zone MRCC Nouméa révèle que :
65 % des cas comptaient un médecin à bord ;
76 % relevaient de pathologies médicales (non traumatiques) ;
L’âge moyen des patients était de 45 ans, majoritairement des hommes.
Ce dispositif, bien que rôdé, reste dépendant des conditions météo, des moyens disponibles et du positionnement des navires de secours.
Former des sauveteurs de l’extrême : un enjeu pour demain
Les missions du SAMU maritime ne sont pas quotidiennes — environ une par mois en moyenne — mais elles mobilisent des compétences pointues. Pour assurer ces évacuations complexes, médecins et infirmiers doivent être capables d’intervenir en milieu hostile, souvent de nuit, dans des conditions instables.
À ce jour, il existe des formations diplômantes en aide médicale en mer, notamment à l’Université de Marseille. Ces cursus permettent d’apprendre à intervenir efficacement en mer, à bord d’un navire ou lors d’un hélitreuillage. Une perspective pourrait être d’implanter cette formation directement en Nouvelle-Calédonie, afin de renforcer les capacités locales et d’ouvrir des perspectives de carrière attractives aux soignants du territoire.
En mer, le danger est permanent. Les urgences ne préviennent pas. En Nouvelle-Calédonie, les médecins du SAMU-SMUR relèvent chaque mois des défis techniques et humains impressionnants pour sauver des vies dans l’une des plus vastes zones maritimes du globe. Grâce à la coordination des MRCC, CCMM, COSS, FANC et des bénévoles de la SNSM, la chaîne de secours tient bon. Mais former localement ces héros du quotidien est désormais un impératif, si l’on veut garantir demain ce niveau d’excellence.