Il y a des histoires qui vous donnent la nausée. Celle de « Maîtresse Colette », institutrice respectée de plusieurs générations d’enfants à Antoinette Charbonneau, en fait partie. À 72 ans, après une vie de travail et d’amour pour sa terre calédonienne, cette femme se retrouve aujourd’hui réfugiée, chassée de chez elle par une bande de minables à peine sortis de l’adolescence.
Tout a commencé par un cambriolage. Ses souvenirs, ses papiers, ses bijoux, sa collection de pièces anciennes : envolés. Elle a eu le courage de rester. Elle a mis des barreaux partout, elle s’est dit qu’elle tiendrait, qu’ici c’était chez elle. Mais la racaille n’a pas de limites.
Mercredi dernier, un premier voyou, complètement ivre, est venu la menacer. Pour lui voler… des salades ! Et puis ils sont revenus, plus nombreux, plus violents. Deux gamins, 15 ans à peine, déjà pourris par la haine, déjà incapables de respecter quoi que ce soit. Dans la nuit, ils ont tenté de forcer son container aménagé, puis, devant leur échec, ont incendié sa voiture, sous ses fenêtres. Et cette menace qui vous glace le sang : « La prochaine fois, on brûlera le container, avec toi dedans. »
La gendarmerie est intervenue. Trop tard. Colette a fui, terrorisée, le cœur en miettes. Aujourd’hui, sa maison est barricadée, soudée, comme un caveau pour ce qui lui reste. Sa terre, elle ne la reverra plus.
Trop, c’est trop !
Cette histoire n’est pas un simple fait divers. C’est un symbole. Le symbole d’une Nouvelle-Calédonie qui se délite, gangrenée par une minorité violente qui pense pouvoir tout se permettre, protégée par un climat de peur, par des pseudo-justifications historiques, par un silence coupable.
On nous parle de « paix sociale » ? De « vivre-ensemble » ? Mais comment cohabiter quand on menace une institutrice retraitée de la brûler vive ? Quand des enfants deviennent bourreaux à 15 ans ? Quand on saccage, qu’on pille, qu’on détruit la dignité des honnêtes gens ?
Il fut un temps où ici, le respect des anciens, de la terre, de la famille, était sacré. Où l’on grandissait avec des repères. Où « Maîtresse Colette » incarnait l’autorité bienveillante, transmise de génération en génération. Aujourd’hui, tout ça est piétiné.
Une terre qu’on ne nous volera pas
Mais qu’ils se rassurent, ces « courageux guerriers » qui terrorisent une dame de 72 ans : ils ne nous feront pas plier. Ils n’éteindront pas l’amour que nous portons à cette terre. Nous sommes chez nous. Nous y resterons. Debout, unis, fiers.
Le temps est venu de dire les choses telles qu’elles sont : la paix ne naîtra jamais de la lâcheté. Elle naîtra d’un sursaut, d’un réveil de ceux qui refusent de vivre à genoux.
Maîtresse Colette, c’est la nôtre. Elle est la mère, la grand-mère, l’institutrice de toute une île. À ceux qui pourrissent notre terre : vous ne nous ferez pas taire.